8.
2 VOYAGE
hanche. Ainsi commença la navigation que nous devions
faire durant plus de trois longues années*.
Le vent d’abord très-léger du N. 0 . fraîchit rapidement
, la mer devint dure et clapoteusè ; cependant
la corvette fila 8 ou 9 noeuds. Malgré le peu de temps
que nous avions eu pour mettre en ordre les divers
instruments de la mission, il y eut peu d’avaries, et
le sympiésomètre placé dans ma chambre souffrit seul
par le jeu considérable des cloisons**.
Ce vent mollit dès le jour suivant : nous relevâmes
dans la soirée les terres de Minorque. Puis nous
eûmes de petites brises variables et souvent contraires,
entremêlées de calme. Ce qui rendait notre navigation
lente et monotone.
Nous eûmes bientôt acquis la conviction que la marche
de la Zélée était supérieure à celle de Y Astrolabe.
Cela me fit plaisir; j ’aimais bien mieux que la conserve
» fût quelquefois obligée de diminuer de voiles
pour*nous attendre, que d’être exposée à tenir trop de
toile dehors. Par ce moyen le capitaine de la Zélée,
avec une certaine vigilance, pouvait toujours maintenir
Y Astrolabe en vue sans forcer de voiles, tandis
que, dans le cas contraire, cette dernière manoeuvre
eût été souvent indispensable.
A six heures et demie du matin, par un calme parfait,
on fit, à bord des deux navires, des expériences
de température sous-marine, dont voici les résultats :
* Note 3.
Note 4.
AU POLE SUD. 3
La température étant à l’air libre de 23° 4 et à la 1 1831 1 ■ ' Septemh
surface des eaux de 23° 8; le thermométrographe à
bord de Y Astrolabe, descendu à 550 brasses de profondeur,
indiqua 12° 8; et sur la Zélée, descendu à
220 brasses, donna 13° 2. Ces deux expériences confirment
les conclusions que j ’avais déduites de mes
observations de 1829, savoir que la mer Méditerranée,
au-delà d’une certaine profondeur, se maintenait à
une température moyenne de 12° à 13°.
Dans l’après-midi, on a fait des expériences sur la
transparence des eaux de la mer. Une assiette de
faïence est restée visible à l’oeil nu jusqu’à 19 ou 20
brasses de profondeur; à 2 ou 3 brasses plus tôt, on a
cessé de la voir en employant le scopéloscope. La
théorie semblerait indiquer que la tourmaline qui
entre dans le corps de cet instrument, sous l’angle
visuel de 37°, doit éliminer tous les rayons réfléchis
pat* l’eau, pour ne laisser subsister que ceux qui lui
arrivent directement d’un objet situé sous l’eau. Il en
résulterait que cet objet, vu sous un angle de 37° ou
environ, devrait être beaucoup plus apparent à l’aide
du scopéloscope qu’à l’oeil nu, et l’on avait conçu l’espoir
que cet instrument pourrait être d’un puissant
secours dans les mers semées d’écueils de coraux ou
de bancs à fleur d’eau. Pour ne pas me répéter, je
déclarerai une fois pour toutes, que dans les nombreuses
expériences faites durant l’expédition, le scopéloscope
n’a pas une seule fois justifié ces espérances.
Un instrument imaginé par M. Biot pour ramener
l’eau puisée à de grandes profondeurs de la mer, n’a