plus distinctement le jour suivant les côtes de cette
portion du canal si confusément reconnues lors de
notre arrivée. M. Dumoulin ne cessait de poursuivre
ses relèvements avec tout le zèle imaginable.
Au point du jour, c’est-à-dire dès deux heures et
demie, avec un temps superbe, une mer très-calme
et une jolie brise du sud, je ralliai la côte de la Terre
de Feu, et M. Dumoulin y reprit le fil de ses opérations.
Nous suivîmes la terre à deux ou trois milles de
distance. Elle est généralement basse le long de la
côte, découverte et peu accidentée, seulement de gros
rochers isolés, semés par intervalles sur la plage nous
servaient à merveille de jalons pour les relèvements.
Au demeurant, elle n’offre pas le moindre danger, sauf
quelques pointes très-basses qui pouvaient se prolonger
sous l’eau à deux ou trois encâblures au large, et qu’il
sera toujours prudent de contourner à une bonne distance.
La journée a été si belle, la température si douce
qu’on aurait vraiment dit d’une belle journée de
printemps en France. Le thermomètre, à deux
heures, marquait 18°,2. Aussi nous avons tous été
obligés de dépouiller nos vêtements d’hiver. On a vu
quelques Guanacos sur le rivage et des bandes nombreuses
de cormorans.
Comme nous passions entre l’île Magdalena et la
baie Gente-Grande, dans l’après-midi, le moindre
fond a été de 15 brasses, puis nous avons eu 20, 25
ou 30 brasses au plus, sans voir aucune apparence de
danger près des îles Magdalena et Martha. Si les dangers
annoncés n ’existaient p a s, il en résulterait naturellement
que ce passage serait bien plus spacieux,
plus commode et plus direct que d aller s engager soit
à l’ouest soit à l’est de l’île Elisabeth.
Nous avons vu un feu dans l’intérieur, près de la baie
Gente-Grande, deux ou trois sur l’île Elisabeth, et un
autre très-apparent près du havre Oazy. Mon dessein
était d’aller immédiatement au mouillage devant
Oazy-Harbour; mais la brise a molli et refusé,
et vers neuf heures la marée du jusant a commencé à
m’entraîner sensiblement vers le second goulet. En
conséquence, j’ai pris le parti de rester en panne, me
laissant dériver au gré du courant.
M. Demas m’a soumis les résultats qu’il avait obtenus
pour la longitude du Port-Famine, par les marches
des chronomètres. En définitive, ils sont satisfaisants,
surtout celui donné par le n° 199, qui s’est accordé
à la minute avec la position qui avait été adoptée
par le capitaine King.
Vers quatre heures du matin, la brise faible passe
du N. N. E. auN. N. 0 . et amène de la pluie; presque
au même moment, la marée nous reporte sensiblement
vers l’île Elisabeth. Sur-le-champ, prenant mon
p a r ti, je mets le cap au 0 $ S. 0 ., décidé à laisser
tomber l’ancre entre l’île Elisabeth et la grande terre,
pour avoir une entrevue avec les indigènes.
A l’aide du vent et de la marée favorable, nous côtoyons
la rive de la grande terre à un ou deux milles
de distance. Comme nous passions devant l’entrée du
havre Oazy, il nous fut aisé de distinguer avec les
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