avec l’âge, surtout ils avaient été si froidement accueillis
1 à la suite du premier voyage, qu’ils devaient
être peu jaloux de s’exposer à des épreuves encore
plus pénibles.,
Dans cet état de choses, après de longs tâtonnements,
je dus m’en rapporter à des témoignages étrangers, et
il me fallut accepter des sujets que je ne connaissais en
aucune manière. Qu’en résulta-t-il? Quelques-uns
conservèrent jusqu’au bout, le zèle, l’enthousiasme et
l’ardeur qui les avaient poussés à entreprendre ce
voyage; ceux-là seulement ont été mes véritables
compagnons de fortune, et leurs noms ne réveillent
dans mon imagination que des souvenirs agréables.
Parmi les autres, bientôt dégoûtés de ce genre de navigation
et des privations qu’il entraînait, les uns se
contentèrent de remplir froidement leur service et
cessèrent d’attacher aucun intérêt aux opérations de la
campagne ; les autres plus exaspérés parles déceptions
qu’ils éprouvaient se montrèrent hostiles aux tentatives
1 Sans attendre la fin de cette narration, la justice et la vérité
veulent que je déclare a 1. avance qu’il en a été tout autrement cette
fois. Le ministre de la marine, M. l’amiral Duperré , a accueilli
avec la plus parfaite bienveillance toutes mes propositions en
faveur de mes compagnons de voyage, et les a mises sous les yeux
de S. M. qui elle-même ne m’a laissé rien à désirer. Aussi leur
en conserverai-je a l’un et à l’autre une éternelle gratitude.
INTRODUCTION. % l x x i
de leur chef, et ne parlaient qu’avec une sorte de
dédain de l’expédition à laquelle ils se trouvaient tristement
enchaînés. Je suis loin pourtant de vouloir
attaquer les moyens de ces officiers : la plupart étaient
des hommes capables, et bien en état de faire leur
devoir ; partout ailleurs ils auraient servi honorablement,
mais ils ne convenaient en aucune façon à une
semblable mission.
Dans les premiers jours d’avril un ordre du ministre
m’appela à Paris, où je m’occupai sur-le-champ des
recherches, de l’achat des matériaux et de la préparation
des instruments utiles à la campagne. Le ministre
se montra très-favorable à mes désirs en accueillant
toutes les propositions que je crus devoir lui faire, pOur
assurer la réussite du voyage. A ma demande M. Vin-
cendon Dumoulin, ingénieur hydrographe, qui m’avait
offert sa coopération, fut attaché à la mission, et cette
fois le hasard me servit au-delà de toutes mes espérances.
J’exprimai le désir d’aller faire un tour à Londres
pour acquérir divers ouvrages et cartes que je n’aurais
pu trouver à Paris, et me procurer les renseignements
les plus positifs et les plus authentiques touchant les
découvertes récemment opérées dans les parages antarctiques
sur-le-champ je fus autorisé à faire cette
excursion.