Cordes. Les autres capitaines se nomment Balthasard
de Cordes, Girard van Beuningen, Jurieu van Bokolt,
bientôt remplacé par Dirk Gheritk et Sebald de Wert.
La flotte met à la voile de Rotterdam, le 27 juin
1598, embouque le détroit le 6 avril suivant, et après
avoir touché aux îles des Pingouins et à la baie des
Moules ou Mossel-bey, elle va mouiller, le 18 du
même mois, dans une baie qui reçut le nom de baie de
Cordes. Elle resta la jusqu au 23 août, où la faim, le
froid et une série de tempêtes continuelles réduisit les
équipages à la dernière extrémité et fit périr plus de
cent hommes. De là on passa à la baie de Ridders, où
les sauvages montrèrent une extrême barbarie en
exhumant, outrageant et mutilant les cadavres des
Hollandais enterrés sur ses bords.
De là, jusqu à la fin du détroit, après avoir subi
une foule de désastres et d’avaries de toute nature, la
flotte put sortir le 3 septembre, mais elle ne tarda pas
à être dispersée. L’amiral avec le vaisseau de Beuningen,
se rendit immédiatement sur les côtes du
Chili. Dirk Gheritk fut chassé jusqu’au 64e degré sud,
où il découvrit une côte montueuse et couverte de
neige, indubitablement l’archipel aujourd’hui connu
sous, le nom de New-South-Shetland. Quant à Balthasard
de Cordes, et Sebald de Wert, après avoir failli
se briser sur les côtes d’Amérique par suite d’un coup
de vent furieux, ils furent contraints de rentrer dans
le détroit pour chercher quelques vivres à la baie
des Soucis. En quittant ce mouillage, ils coururent
de nouveaux dangers ; les deux navires se perdirent
de vue, et de Wert alla mouiller seul dans la baie de
Cordes; comme il se trouvait là , arriva la flotte
d’Olivier de Noort, qui venait de Hollande. L’embonpoint
et le teint frais des arrivants, contrastaient
singulièrement avec les figures maladives des
matelots de Sebald de Wert. Ce capitaine retourna
jusqu’à la baie Ridders, en janvier 1600, où il
trouva des piles de glaces de plusieurs brasses d’épaisseur.
Enfin, le 21 janvier, ayant perdu sa dernière chaloupe,
et n ’ayant plus qu’une seule ancre, il fut obligé
de quitter le détroit, et rentra dans la Meuse, le 14
juillet 1600, n ’ayant plus que trente-six hommes
sur cent cinq qu’il avait en partant de Hollande.
Balthasard de Cordes fut plus heureux, et put sortir
du détroit et continuer sa route.
Olivier de Noort, dont nous venons déjà de parler,
était parti de Rotterdam, le 2 juillet 1598, avec quatre
vaisseaux et deux cent quarante-huit hommes. Après
cinq tentatives inutiles, il put entrer dans le'détroit
le 25 novembre. Il mouilla successivemeut au cap
Foreland et au Port-Famine, où l’on chercha vainement
les ruines de Philippeville. Le 25 décembre, il
mouilla dans la baie de Cordes ; de là il passa à la baie
Maurice, et après avoir essuyé des coups de vent, des
rafales et des courants impétueux, il donna, le 29
février 1600, dans l’Océan Pacifique.
Georges Spilberg paraît avoir été le plus heureux
de tous ceux qui auraient traversé le* détroit de Magellan,
depuis sa découverte jusqu’à lui. Parti de Zé