cromètre et à la chaînette une base pour les opérations
relatives au plan du port, sur la grande plage de sable
comprise entre l’emplacement de l’ancienne Philippe-
ville et l’embouchure de la rivière.
Conformément au système que j ’ai adopté, je dois
faire exécuter par M. l’ingénieur-hydrographe Dumoulin
tout ce qui aura trait à la grande hydrographie
, c’est-à-dire le tracé des côtes ; et selon leur tour,
par MM. les officiers des deux corvettes, tous les plans
de port. En conséquence, M. Duroch a été chargé
du plan de la baie Famine, et MM. Thanaron et La
Farge ont eu pour leur tâche le plan de la baie
Yoces, qui vient immédiatement à la suite dans le S. 0 .
Moi-même, après mon dîner, je descends à la pointe
Anna et fais une courte promenade sur le revers
opposé à notre mouillage, en suivant les roches de la
côte ; j ’y recueille quelques plantes curieuses; de gros
souffleurs viennent respirer jusque dans les laminaires
et les grandes fucacées qui tapissent la rive, ainsi que
deux ou trois phoques qui ne montrent qu’un instant
leurs têtes ; puis je traverse la presqu’île pour rallier
mon canot auprès de l’observatoire. Au sommet de
la presqu’île , je suis enveloppé par des torrents de
fumée, et je suis obligé de faire un long détour pour
ne pas en etre asphyxié : c’est là l’oeuvre de nos
dignes matelots, tout-à-fait semblables aux enfants,
qui n’ont pas de plus grand plaisir que de détruire ;
c est ainsi probablement qu’il faut expliquer ces vastes
clairières qui se présentent quelquefois subitement au
milieu de forêts compactes, sans qu’aucune différence
essentielle dans le sol puisse expliquer une semblable jJ 887jJ
anomalie. On conçoit du reste qu’à défaut d’intervention
humaine, la foudre suffirait pour occasionner de
vastes incendies, et par suite ces plaines singulières *.
Les pêcheurs à la seine ont été plus heureux que
ces jours derniers ; ils ont pris quelques beaux mulets,
de petits éperlans et deux lamproies curieuses et
peut-être nouvelles.
Tous les travaux marchent à la fois avec une mer- i8.
veilleuse activité ; j ’ai annoncé que le départ aurait
lieu le 26 du mois courant, et chacun s’empresse, à
bord des deux navires, pour se tenir prêt à cette époque.
Le temps lui-même, d’ordinaire si inconstant,
si fâcheux dans ces climats, paraît conspirer en notre
faveur, et si l’on en excepte quelques rafales de
peu de durée, les journées sont belles et les travaux
sont à peine suspendus quelques instants. Malgré les
fatigues inséparables d’une vie aussi active, les matelots
sont joyeux et contents ; ils mettent souvent pied
à te rre , ils courent dans les bois, ils pèchent, ils se
gorgent de coquillages, et ce train de vie est tout à la
fois salutaire et plein d’agrément pour eux.
La journée promettant d’être belle, dès neuf heures
trente minutes je m’embarque dans ma yole avec
M. Dumoutier pour aller faire un tour sur la plage de
Rocky-Point, près de laquelle j ’avais remarqué des
plaines assez dégagées, lorsque je louvoyais pour atteindre
le mouillage de Port-Famine.
? Notes 42 et 4 3 -