plier bagage. Regrettant, mais un peu tard, de n ’avoir
pas eu la prudence de M. Jacquinot, je me hâtai de
rallier le bord.
Les travaux hydrographiques ont été terminés ainsi
que les observations de M. Dumoulin. Il a venté sur
la baie très-frais du S. S. 0 ., avec de fortes rafales;
mais la tenue est si bonne que les deux navires n ’ont
pas bougé.
M. Duroch m’a remis une bouteille qu’il a trouvée
à la plage. Elle renfermait un billet du capitaine Car-
rick, indiquant qu’il avait mouillé sur cette baie à la
fin de novembre dernier, pour y faire de l’eau et du
bois. La bouteille exhalait encore l’odeur du tafia
qu’elle avait dû contenir.
MM. Lafarge et Jacquinot jeune, qui étaient allés se
promener au fond de la baie Rougainville, y avaient
rencontré une plaque en tôle, sans caractères apparents.
Ils avaient aussi visité le cap Remarquable et
n ’y avaient entrevu aucune trace de coquilles fossiles
\
Dans la soirée, on a distribué aux hommes des deux
équipages tous les effets de supplément accordés pour
la navigation des glaces, savoir : grosses bottes de
Terre-Neuve, capotes, gilets et caleçons de flanelle.
Nous n ’aurons plus à leur donner que les gants de laine
pour compléter leur costume antarctique.
Le temps est couvert et il fait calme. Néanmoins à
six heures du matin, nous avons dérapé et mis à la
* Notes 5g et'6o.
voile. La marée et de petites fraîcheurs du N. E. nous
ont bientôt poussés au milieu du canal, puis la même
brise avec la marée contraire nous ont ramenés tout
près de l’îlot de la baie. Ce n ’est guères que vers trois
heures que nous avons pu faire un peu de chemin et
rallier l’île Nassau.
Dès six heures, j’avais expédié vers le cap Remarquable
le canot-major de la Zélée avec MM. Coup-
vent et Le Guillou, et le nôtre avec MM. Gourdin et
Hombron. Quand ils revinrent à bord, nous apprîmes
que les prétendues coquilles fossiles de Rougainville
n ’étaient que des petits galets empâtés dans une
gangue calcaire, formant au reste une couche très-
épaisse depuis le niveau de la mer jusqu’à une hauteur
de 50 mètres environ.
M. Coupvent me rapporta la plaque en fonte dont
il a été déjà question. Elle pesait au moins 75 kilogrammes
mais ne portait aucun caractère, et il
serait difficile d’imaginer à quel emploi elle avait
pu être destinée, à moins qu’elle n ’ait servi de
foyer pour quelques chaloupes de pêcheurs de phoques*.
Un superbe albatros, tout blanc comme un cygne, à
l’exception seulement du petit bout des ailes, a nagé
longtemps derrière no u s, cherchant à faire son profit
de ce que l’on jetait à la mer. Quelques coups de fusil
lui ont été envoyés sans l’atteindre. J’ai saisi cette occasion
pour signifier que je ne permettrais la mise à