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Novembre et moins dangereux à prendre, que le mouillage extérieur
de Rio-Janeiro. Bon fonds, point de dangers,
appareillage facile de tous les vents. Pour ceux .qui,
comme nous, ne veulent point entrer dans la baie, je
recommanderais particulièrement la position que nous
occupions , à mi-distance de Raza à Paya. En voici
les relèvements :
Le fanal de Raza, S. 38° 0. 3 milles.
Ile Paya, N. 32° E. 3 milles.
Pain de Sucre, N. 32° 0 . 5 milles.
Le capitaine Jacquinot, qui est venu nous faire visite
dans la soirée, m’a appris que tout le monde se
portait bien à son bord, sauf le cuisinier de l’état—
major. Encore ce mal était-il tout simplement de la
nostalgie jointe à une frayeur excessive des glaces. Au
reste, sur le désir exprimé par M. Jacquinot, je l’autorise
à accorder la permission de débarquer à ce poltron,
si l’occasion s’en présente pendant notre séjour.
Il avait fait si mauvais temps toute la journée, que
j ’espérais peu voir rallier M. Demas dans la nuit.
Toutefois, il est rentré à dix heures du soir et m’a
rendu le compte suivant de sa mission.
Sur la rade, il n ’avait trouvé aucun navire de
guerre français; le contre-amiral Leblanc était parti le
10 du courant. En conséquence, il était allé, sur-le-
champ, déposer à terre MM. Hombron, Ducorps et
Duparc ; puis il avait poussé au large pour éviter la désertion
d aucun de ses matelots, ce qui est fort à
redouter dans cette ville remplie d’embaucheurs et
de fainéants soudoyés tout exprès pour exercer leur
honteux métier. En passant près de la frégate anglaise
le Dublin, un officier anglais l’avait invité à
monter à bord, de la part de son chef : c’était le vice-
amiral sir Graham Edem Hammond, commandant la
station de l’Amérique méridionale. Cet officier général
combla M. Demas de politesses, s’informa de notre
expédition avec beaucoup d’intérêt, et le chargea de
me présenter ses offres de service, ajoutant qu’il se
trouverait fort heureux de suppléer l’amiral français,
pour tout ce qui pourrait m’être utile ou agréable.
Apprenant que M. Demas tenait beaucoup à se rendre,
le soir même, à bord, quoiqu’il craignît que les cuisiniers
n’eussent pas terminé leurs provisions dans la
soirée, il poussa la politesse jusqu’à donner l’ordre au
Racket (bateau de poste) de transporter demain matin,
à bord de Y Astrolabe, tous ces hommes avec leurs
provisions. M. Demas fut retenu à dîner avec les officiers
du Dublin, et les matelots anglais traitèrent nos
canotiers avec la plus cordiale hospitalité.
En quittant le Dublin, M. Demas se transporta à
bord de la corvette américaine Fire-Field, pour demander,
de ma part, des nouvelles de l’expédition des
Etats-Unis. Le capitaine du Fire-Field dit à M. Demas
que cette expédition composée de la frégate
Macedonian, et de quatre navires plus petits et commandée
par le capitaine Jones (Thomas), avait dû
appareiller de New-York le 1er octobre, et qu’on s’attendait
tous les jours à la voir paraître à Rio-Janeiro.
C’était là tout ce qu’on en savait.
Enfin, M. Demas me dit que le canot que je lui avais