angle les clous qui avaient servi à la sceller. Les angles étaient
abattus comme pour recevoir quatre montants carrés. Il est possible
que cette plaque sei'vit de support aux pieds de quelque
instrument.
A huit heures du soir, le temps était fort beau, la mer calme.
Après avoir doublé par une faible brise de S. O. la pointe Isidro,
nous rentrions dans la baie du Port-Famine que nous ne comptions
pas revoir de cette campagne. Le silence le plus profond
régnait dans ces belles forêts qui naguères encore étaient animées
par la présence de nos chasseurs et de nos bûcherons.'Aucunfeu
ne brûlait sur la grève et les montagnes que nous avions laissées
fumantes de toutes parts. Les mouettes avaient repris possession
de leur domaine, et voltigeaient en tourbillons aux lieux où nos
corvettes avaient stationné.
Un canot fut mis à la mer pour porter à la poste française du
Port-Famine les nouvelles dépêches du commandant. Le ministre
est sans doute informé des motifs qui nous ont empêchés de
pousser jusqu’au bout l’exploration du détroit de Magellan. La
fréquence des vents d’ouest eût rendu très-longue et pénible la
fin de cette reconnaissance hydrographique. En nous enfonçant
plus avant nous courions risque d’arriver trop tard dans les glaces
, au lieu qu’en retournant sur nos pas, nous pouvons rectifier
quelques points de notre premier travail, avoir une entrevue avec
les habitants de la Patagonie et de la Terre de Feu, et débouquer
du détroit d’assèz bonne heure pour arriver aux îles Shetland
dans la saison convenable.
(M. Roquemaurel.)
Note 64, page i3g.
La brise d’abord incertaine nous ramène maintenant avec v itesse
vers des lieux connus ; bientôt nous apercevons les sites du
Port-Famine. Voici le Mont-Tarn, plus loin la pointe Sainte-
Anne, la rivière Sedger, ici le lieu du mouillage. Nous revoyons
successivement les lieux de nos chasses ,. le rivage battu en tous
sens dans nos courses de chaque jour, et jusqu’aux traces de
nos incendies. Chaque coup d’oeil fait naître un souvenir, et nous
pensons avec plaisir aux jours que nous y avons passés. Des baleines
se promènent autour du port, comme lorsque nous y étions
mouillés. Rien n’est changé dans ce délicieux tableau, nous seuls
l’avons quitté. A huit heures, nous mettons en panne pour envoyer
une embarcation porter une lettre du commandant dans
la boite 5 elle est de retour a neuf heures ; les voiles sont orientées
et nous disons un adieu définitif aux lieux de notre première et
plus agréable relâche.
(Ai. Desgraz.')
Note 65, page i5 i .
Ces messieurs n’avaient eu qu’à se louer de leurs relations avec
les naturels. Ils avaient échangé avec eux des plumes d’autruches,
des peaux de renards, des peaux de chats-tigres, des éperons, des
lacs et quelques autres objets. Les couteaux longs et droits avaient
été vivement recherchés par ces Indiens qui n’avaient paru faire
aucun cas des verroteries. Le biscuit néanmoins avait eu le dessus
sur toute autre chose, et avec quelques galettes on eût pu se procurer
une de leurs plus belles fourrures. Ils avaient demandé
avec empressement du tabac à fumer, avaient apprécié les sabres
et les étoffes rtmges, et s’étaient montrés surtout fort avides d’eau-
de-vie.
D’après Bougainville et d’autres navigateurs, nous étions persuadés
qu’ils étaient très-jaloux de leurs femmes, et qu’ils s’empresseraient
de les dérober à nos regards. Mais nous pûmes nous
convaincre que depuis loi's, les moeurs s’étaient singulièrement
modifiées sous ce rapport, car nos messieurs purent non-seulement
les approcher, mais ils ne dépendait que de leur Volonté