y firent des collections précieuses en tout genre, surto it en botanique
: nous étions dans la saison us favorable pour cela. La
rade offrit, en draguant, aux amateurs de coquilles, de beaux
échantillons de deux espèces de térébratules, quelques jolis peignes
; et chacuri put ramasser à marée basse, sur les roches du
rivage, tant qu’il en voulut, des masses de turbots, de patelles et
de moules : les plus nombreuses étaient les moules striées, dites
magellaniques. Ces moules étaient malheureusement rempile0 de
perles, et nous privaient de la grande ressource dont elles eussent
été sans cela pour nos tables, dans un pays où il fallait s’indus-
trièr pour vivre passablement.
Malgré le triste sort qu’eut la colonie espagnole de Philippe-
ville, il n’est pas douteux qu’on ne pût facilement réussir à fonder
au même endroit un établissement ; et je ne craindrais pas de
m’avancer, en assurant qu’il prospérerait. Le climat de ce pays est
loin d’être aussi affreux qu’il a été dépeint, et me paraît se rapprocher
beaucoup de celui de la même zone en Europe. Les nations
qui pourraient entreprendre cette tâche avec le plus de suc-
cès&seraient celles du nord de l’Europe, qui s’y acclimateraient
facilement. Quelle que soit celle qui s’y établira la première, elle
rendra un véritable service à la navigation et au commerce, e t ,
quelque intéressées que soient ses vues, elle méritera néanmoins
la reconnaissance de toutes les autres. Si, pendant longtemps^ des
cartes imparfaites et le défaut de pilotes ont éloigné.les navigateurs
de ces parages, aujourd’hui, qu’une partie de ces difficultés
a disparu, il en est encore bien peu qui osent s’y aventurer ; car,
en cas d’événement, ils savent qu’ils seraient tout-à-fait dénués
de ressources, et exposés ou à mourir de faim sur les lieux, ou à
courir les plus grands risques en cherchant à gagner, soit par
terre, soit par mer, un pays civilisé, tant ceux-ci sont éloignés et
les obstacles qui les en séparent multipliés. S’il existait une colonie
européenne dans le détroit, cette navigation n’offrirait plus
aucun danger réel, et, en temps de paix, on verrait tous les navires
qui se rendent dans la mer Pacifique, en été comme en hiver,
préférer ce passage à celui du cap Horn ; car il offrirait l’avantage
d’abréger leür route et souvent la traversée, et, dans les autres
cas, celui d’éviter aux navires les dangers de la grosse mer, et les
avaries qui souvent en résultent en doublant le cap Horn. Le passage
drun océan à l’autre deviendrait alors on ne peut plus facile,
et un véritable cabotage que feraient les plus petits navires, en
prolongeant de près les deux côtes de l’Amérique méridionale.
Les colons du Port-Famine trouveraient sur toute la cote du
détroit, pendant les premières années, d’abondantes ressources
dans la pêche, en attendant qu’ils eussent pu défricher le sol et lui
faire produire des céréales, des racines de toute espèce et des légumes.
Dans les plaines, les bois, dont l’exploitation serait utilisée,
feraient place à d’excellents pâturages, où l’on pourrait nourrir
beaucoup de bestiaux. Avec de pareils moyens, et ceux que
fourniraient des communications faciles avec le Chili et les républiques
du Paraguay, dans un temps comme le nôtre, où la navigation
a subi tant de perfectionnements, et entre autres celui de
l’application de la vapeur, on pourrait s’établir sur ces côtes, sans
craindre le sort de Philippeville.
J’ai souvent pensé qu’il conviendrait â la France d’entreprendre
une pareille colonisation ; et je répondrais à ceux qui pourraient
m’objecter que la rigueur du climat serait faite pour en dégoûter
les colons , qu’on a vu sous le même climat, au milieu du dernier
siècle, nos populations maritimes du nord surmonter toutes les
difficultés d’un pays beaucoup plus ingrat, car les Malouines
n’avaient pas même de b o is, et réussir à fonder un établissement
qui aurait prospéré, et serait aujourd’hui le siège d’une colonie
florissante, sans les ridicules exigences de l’Espagne, qui fit valoir
ses droits de souveraineté sur ces îles, droits auxquels, autant par
politique que par respect pour le droit des gens, le gouvernement
d’alors céda, en abandonnant ce pays.
Je ne pense pas qu’aujourd’hui aucun État fût en droit d’établir