cette baie des bords du hâvre Peckett ne serait pas dé
plus^de’sept milles en ligne droite *.
M. Marescot a encore consacré cette journée à faire
des sondes dans le hâvre extérieur, d’un bout jusqu’à
l’autre.
Ce matin, j ’ai adressé diverses questions à Nie-
derhauser”; en voici les principaux résultats : le
grand vieillard dont j ’ai parlé avant-hier, était le
grand-père de la femme de Kongre; autant que notre
Suisse peut en ju g e r, il lui donnerait 90 ou 100 ans
d’âge. Un autre vieillard, des bords du Porl-Désiré,
aurait, dit-il, compté 150 hivers. Kongre peut avoir
une trentaine d’années. Les sauvages vus la veille par
M. Roquemaurel appartiennent à une tribu qu’il
désigne sous le nom de Canoe-Indians (indiens à pirogues)
, de la même famille que les habitants de la
Terre de Feu. Les Patagons ne leur font aucun mal;
seulement, ils leur enlèvent quelquefois leurs enfants
pour les employer à faire leur cuisine, puis ils les libèrent
quand ils sont grands. Quelquefois aussi, ils
vont les vendre à leurs voisins du nord, qui les revendent
aux Espagnols de Rio-Negro ou de Montevideo;
c’est par échange qu’ils se procurent leurs
chevaux et les divers objets d’industrie européenne
qu’on voit entre leurs mains.
Niederhauser soutient avoir v u , près du Port-Dé-
siré, un naturel d ’une taille vraiment colossale, de
10 pieds de haut ou 2m,920 (9 pieds français), Sa
main n ’aurait pas pu embrasser un des pouces du
géant ; mais c’est une exception et il n’existe pas de
peuplade entière de cette stature.
Dans* ses courses avec les naturels, il n ’a jamais vu
Otway-water, car leurs chevaux les obligent à suivre
constamment les chemins en plaines et pâturages: ils
ne pourraient pas, sans danger pour eux et leurs
montures, s’engager dans les forêts qui recouvrent
les flancs des montagnes.
Des îles Grave et Landfall à la partie du détroit
située près de Playa-Parda, Niederhauser a parcouru
trois canaux de communication, praticables seulement
pour des embarcations, parsemés d’îlots et
bordés de terrains bas et habités. Sur la Terre de
Feu, il a vu quelquefois ensemble jusqu’à 40 pirogues
et 150 naturels , tous gens faibles, chétifs et pusillanimes.
Il a quelquefois fait fuir une troupe entière
avec une clef ajustée sur eux en guise de pistolet.
Il ne connaît rien du tout du côté de la baie Gente-
Grande j attendu que les phoques n’y vont point. Le
plus grand nombre de Patagons réunis qu’il ait vu a
été de mille environ. Niederhauser paraît actuellement
très-content de son sort ; la cuisine de Y Astrolabe
l’a parfaitement restauré, et il paraît avoir 20 ans de
moins.
J’avais le projet de faire une dernière visite à la
terre patagonienne, mais une pluie abondante et un
vent violent m’ont contraint à garder le bord.
A mon d în e r, j ’ai goûté de la chair de guanaco
que j’ai trouvée fort bonne, préparée soit en guise de