gigantesque cap Forward, avec ses larges crevasses chargées de
glace, sfes lichens d’un vert sombre et triste,O 7 ' et sa ceinture de
grands arbres, qui semblent l’entourer ainsi à sa base pour.mieux
faire ressortir son sommet aride et menaçant.
C’est là que le célèbre Magellan s’arrêta, étonné lui-même de
son audace, tandis que ses équipages, épouvantés à la vue de
cette nature bouleversée, refusaient d’aller plus loin, et lui criaient
qu’il les menait dans les gorges de l’enfer. Revenu bientôt à lu i-
même, Magellan imposa à ceux qu’il commandait, en poignardant
les auteurs d’une semblable panique, et en ordonnant à son
neveu d’aller à la découverte. Bientôt après, le cap de la Victoire
fut reconnu, et l’expédition de Magellan, décimée par le scorbut,
par les maladies, arriva enfin aux Philippines, pour annoncer au
monde une découverte qui devait, quarante ans plus tard, conduire
à celle du cap Horn.
:{M. Marescot.)
Note 52, page 1 19.
La côte nord de l’île Clarence est découpée par plusieurs baies
profondes, qui n’offrent pas de très-bons mouillages. I c i, la côte
de la Terre de F eu , s’infléchissant vers le nord, enveloppe le cap
Forward, pour courir au N . O ., qui est la direction générale du
détroit, à partir de ce cap. Gela fait qu’avant d’avoir doublé le cap
Forward, on se trouve enfoncé dans un bassin sans issue apparente.
La Terre de Feu est bordée d’une suite de pics escarpés,
dont la hauteur ne paraît pas excéder 6 à 800 mètres. Quoique
moins élevés, peut-être, que le mont Tarn, ils sont plus chargés
de neige que ce dernier. 11 m’a semblé que leur ensemble n’affectait
aucune direction qui pût se rattacher à quelque grande
chaîne. On dirait que cette extrémité de l’Amérique, bouleversée
par de profondes convulsions, séparée violemment du continent,
et incendiée par les feux de mille volcans, aurait éprouvé une
♦
véritable ébullition. La terre, boursouffiiée et crevassée de toutes
parts, aurait subi des déchirements, qui produisirent les formes
les plus bizarres. La surface, exposée à un refroidissement subit,
n’éprouva pas ces affaissements graduels, qui peuvent émousser
les angles et adoucir les contours ; elle conserva ses aspérités et la
rudesse de ses formes. On n ’aperçoit sur ces rochers sauvages
qu’un e rare végétation.
QM. Roquemaurel.y
Note 53, page 124.
Outre la rivière dont j’ai déjà parlé, il y en a une autre qui se
jette dans le fond du port, en suivant le grand ravin. Arrivé sur
ses bords, j’entendis le bruit d’üne cascade ; je me dirigeai aussitôt
sur ce bruit, et je parvins à en approcher, malgré le peu d’agrément
que me procura la route qu’il me fallut parcourir dans ce
but. Je tombai plusieurs fois dans des trous qui avaient jusqu’à
6 mètres de profondeur, sans exagération : heureusemènt, on ne
pouvait se faire aucun m a l, vu que ces chutes n’étaient autre
chose que deé glissades sur un lit de mousse. Mais il fallait ensuite
remonter, ce qui prenait beaucoup de temps et donnait
beaucoup de fatigue. Dès que j’étais rendu sur les bords de ces
trous, il fallait encore aller à pas de loup et en tâtant le terrain
avant d’avancer une jambe, sous peine de tomber de nouveau.
Il me fallut beaucoup de temps pour gagner environ un quart de
lieue ; mais une fois arrivé, je fus amplement dédommagé de toutes
mes peines : le coup d’oeil le plus pittoresque s’offrit à ma vue.
J’ôccupâis unè position un peu élevée, au-dessus du réservoir-
supérieur ; je voyais à mes pieds l’eau bondir en flots écumants,
et renvoyer àu loin les brillantes étincelles dont une fine poussière
venait humecter ma figure. Rien ne rompait la belle nappe d’eau
qui se déroulait devant moi ; elle occupait toute la largeur du torrent
; les pierres formant la plate-forme du bassin supérieur sera