probables de retrouver nos «vivres et nos armes. On approuva,
et l’on se mit à l’oeuvre sans retard. Deux heures après, nos prévisions
avaient réussi. Après avoir marché de la montagne, dans
la direction donnée par la boussole, l’espace de temps que nous
avions mis à y venir, on établit un quartier général, et de ce
point comme centre, des reconnaissances furent poussées dans
plusieurs sens, sans s’éloigner de la portée de la voix qui seule au
milieu de la brume nous réunissait à volonté. Au bout de deux
heures, dis-je, des explosions de coup de fusil successives nous
annoncèrent le résultat heureux de notre recherche. M. Gaillard,
dans sa reconnaissance, était tombé nez à nez avec notre bouquet
d’arbres qui fumait encore. Tout le monde se dirigea vers le
point d’où provenaient les explosions et nous fûmes bientôt tous
réunis.
Dès-lors toutes nos misères furent terminées. Quelques-uns de
nous épuisés de lassitude s’endormirent aussitôt ; d’autres employèrent
l’heure que nous consacrions au repos, en attaquant
avec courage les provisions qui nous restaient. A dix heures et
demie, les dormeurs furent réveillés à grande peine, fet nous recommençâmes
à descendre, toujours au moyen de la boussole.
A deux heures, nous étions arrivés sur la côte que nous longeâmes
jusqu’à la petite rivière qui nous séparait de la Sedger. Nous
passâmes à gué sur la rive orientale. Alors, M. Hombron s’arrêta
nous conjurant de ne pas l’abandonner, car, d isa it-il, il n’avait
plus la force de faire un pas. Huon et moi, nous restâmes avec
lui, Dumoulin et Gaillard continuèrent afin de faire des signaux
sur la pointe Sedger, et de nous envoyer le canot. Le docteur Le
Guillou nous avait quittés à notre arrivée sur la plage.
Nous donnâmes à M. Hombron ce qui restait dans nos gourdes,
nous allumâmes un bon f e u , en réunissant un monceau de bois
sec que laisse la mer en se retirant. Il reprit bientôt quelques forc
e s , et nous pûmes continuer ensemble notre route jusqu’à l’embouchure
de la rivière Sedger.
Le même jour, 23 décembre à six heures du soir, réunis à nos
camarades autour d’une table bien servie, nous leur racontâmes
nos misères et nos dangers.
(M. Coup vent.)
Note 4 5, page n 3 .
A trois heures, je m’achemine, avec MM. Duroch et Dumoulin,
vers la pointe Santa-Anna, que nous doublons dans l’intention
d’explorer cette partie de la côte. Nous suivons le rivage, qui
est très-difficile à cause des rochers qui le bordent, e t , après
deux heures de marche, nous arrivons en chassant à une petite
anse que nous traversons; et, en doublant la pointe opposée,
nous entrons dans une baie, la plus belle que j’aie vue. Un sable fin
sur le rivage, la mer calme, de hautes forêts qui la dominent et
1 entourent dans toute son étendue. Au fon d , une cabane formée
de branches d’arbre attachées régulièrement entre elles par des
liens en jonc : une entrée basse est la seule ouverture, sa forme
est sphérique, et peut avoir 3 ou 4 mètres carrés, sur î mètre et
demi de hauteur ; le feu se faisait au milieu de la hutte, ainsi que
les restes noircis du foyer, qui se compose d’une sèule pierre,
l’attestent. Un ruisseau coule auprès, et se rend, en sortant des
bois, dans la mer. Pendant que je contourne la baie, Dumoulin
traverse les bois, où il aperçoil des aigles et beaucoup de perroquets,
qui nous étourdissent de leurs cris. J’arrive enfin sur une
pointe de rocher ; à mon approcha, une grande quantité d’oiseaux
de mer s’envolent. C .lui qui a fixé le plus mon attention
est, je crois, un huîtrier. Ce superbe oiseau a les pattes jaunes,
le bec’ long et rouge, le corps noir, et’ l’extrémité des ailes blanches.
Je le siffle pendant plusieurs minutés, il plane sur ma
tête; j’essaie de le tirer, il s’envole; je 1 * sifïl de nouveau, et à
plusieurs reprises il revient décrire dans son vol de nombreuses
circonférences autour de moi. A trois heures , nous prenons la