CHAPITRE II.
Séjour à TénerifFe.
30 septembre. 7 ev s Une heure* l e c a n o t d é la s a n t é vint nous faire
raisonner. Quand nous eûmes répondu aux questions
accoutumées, on nous signifia que nous aurions à
subir quatre jours de quarantaine. On nous expliqua
que cette quarantaine avait été tout récemment établie
sur les navires provenant de la Méditerranée, d’après
le bruit qui avait couru de quelques cas de peste qui
auraient éclaté dans le lazaret de Marseille. Nous aurions
été soumis à six jours , si.notre traversée de Toulon
à Santa-Cruz se fût effectuée en moins de quinze
jours.
Pour moi, si désireux de rallier les régions antarctiques
; cette déclaration inattendue fut bien désagréable.
Elle le fut encore plus pour nos jeunes officiers,
empressés de prendre leurs ébats à terre ; mais
chacun dut prendre son parti et contemplertristement
les côtes arides et les campagnes brûlées de Ténériffe,
jusqu’au moment où il nous serait permis de poser les
pieds à terre.
Le vaisseau Y Hercule et la Favorite se trouvaient à
ce mouillage huit ou dix jours avant notre arrivée. Le
prince de Joinville avait fait une excursion au pic ; et
à son re to u r, disait-on, il trouva le brick Y Or este qui
lui avait été expédié pour lui apporter l’ordre de rentrer
en France. Sur-le-champ la division avait repris
la mer ; et deux jours après la corvette la Diligente
était arrivée de Toulon pour le même objet que
Y Or este, mais elle n’avait fait que paraître sur rade
sans y mouiller.
A cette nouvelle, l’imagination de chacun de nous
prit l’essor, bien des suppositions diverses eurent lieu.
L’opinion la plus générale fut que le jeune prince avait
été rappelé pour prendre part à l’expédition de Constan-
tine. Plus tard nous .apprîmes qu’aucune d’elles n’était
fondée. Le prince de Joinville, en effet, comme chacun
le sa it, poursuivit sa campagne, et visita les divers
points des deux Amériques, ainsi qu’on Pavait annoncé.
J’avais fait demander par notre consul, M. Bretil-
la rd , un point à la côte où il fût possible à nos officiers
de commencer leurs observations. On m’indiqua le lazaret
; et vers trois heures, MM. Demas, Montravel et
Dumoulin se dirigèrent vers ce point. Mais il leur fut
impossible de tenter le débarquement. Le ressac était
si fo rt, qu’en supposant même qu’ils eussent pu
mettre pied à terre, on n’eût pu transporter les instru