Note 26, page 4 1 •
Nous avions toujours l’espoir de pénétrer dans la rade de Rio-
Janeiro, lorsqu’à sept heures quarante-cinq minutes du matin
l’Astrolabe cargua ses voiles et jeta l’ancre à trois milles dans le
N. E. de l’île Raze. Nous imitâmes immédiatement sa manoeuvre,
et nous mouillâme par 24 brasses, fond de gravier et coquilles
brisées. Peu après, le commandant d’Urville me prévint par une
lettre qu’il ne s’était décidé à relâcher que pour mettre à terre un
de ses élèves , M. Duparc, dont la santé était très-délabrée , et
qui ne pouvait, sans courir de grands risques, continuer la campagne.
Il m’engageait à profiter de cette occasion pour faire quelques
provisions et envoyer des nouvelles en France. Après s’être
flatté d’aller jouir d’un peu de repos dans une bonne rade, il
devait nécessairement paraître dur de mouiller en pleine mer,
avec plus d’inquiétude pour le navire qu’on n’en a généralement
sous voiles. Mais, en y réfléchissant, il devenait certain que le
commandant avait toute raison d’en agir ainsi, d’abord pour ne
pas perdre un temps devenu très-précieux pour remplir ses
instructions, ensuite pour se prémunir contre les désertions des
matelots, très-communes dans ces relâches.
( M. Jacquinot. )
Note 27, page 4* .
On a appris à bord d’une corvette des Etats-Unis, que l’expédition
américaine préparée pour le pôle austral devait partir de
New-York vers les premiers jours d’octobre. Cette division, commandée
par le commodore Jones, se compose du Macedoman
(petite frégate), un brick, un schooner et deux transports.
L’expédition est scientifique au plus haut degré , ayant un véritable
institut en miniature, dans lequel toutes les parties de la
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science sont représentées. Dieu veuille que l’orgueil et l’envie qui
perpétuent la discorde au sein de nos sociétés savantes les plus
célèbres, ne se glissent point au milieu des capacités réunies
dans l’expédition américaine et ne la rendent pas infructueuse. Le
commodore aura autant de mal à tempérer les rivalités intraitables
de la science, qu’à conduire en droit chemin tous les navires
de sa division au milieu des glaces et des brumes impénétrables.
(Af. Roquemaurel.)
Note 28, page 44*
Le matin , à cinq heures, on a harponné du gaillard d’avant
deux énormes marsouins, chacun dü poids d’un quintal environ.
A peine hissés à bord , ces animaux ont été partagés. L’histoire
naturelle n’a pas été oubliée. MM. les naturalistes ont eu le
squelette, et la chair a été divisée parmi tout l’équipage, q u i,
pendant deux jours , en a fait ses délices. Quant à m o i, privé de
nourriture fraîche depuis longtemps, j’en ai mangé avec plaisir,
malgré la dureté, la couleur noire de la chair et son goût huileux
un peu prononcé.
(M'. Gervaize.)
Note 29, page 53.
Dans la n u it, l’impétuosité croissante du vent de S. O. avait
fait mettre les huniers aux bas ris ; aujourd’h u i , il nous oblige
à mettre à la cape, sous le grand hunier et le petit foc. La hauteur
des vagues est estimée à vingt-six pieds ; la mer embarque
très-souvent à bord, et le navire ressent quelquefois des chocs
très-violents. A chaque nouvelle lame , la corvette se dresse en
levant le n e z , s’abaisse sur le côté comme si elle allait se renverser
, puis recommence ce manège à chaque mouvement de ces
grosses lames.
(M Desgraz. )