au Port-Famine. Là ils virent venir un jour à eux plus
de'mille sauvages nus, que l’historien Knivet appelle
des Cannibales. Ces hommes étaient fort défiants et ne
se laissaient approcher qu’à distance d’une longue
perche qui servait a transmettre les échanges.
Le froid était si intense qu’on perdait quelquefois
huit ou neuf hommes par jour. Une première fois la
flotte parvint jusqu à 4 lieues de l’embouchure occidentale
du détroit; puis une suite d’affreux coups de
vent la renvoya sur la fin du mois dans l’Océan Atlantique.
Candish rentra néanmoins dans le détroit, perdit
dans un endroit neuf hommes qu’on supposa avoir
été mangés par les Patagons qu’on dépeint toujours
comme une sorte de géants très-féroces. Deux fois
la flotte anglaise débouqua dans la Mer du Sud, et
deux fois le vent la repoussa dans le détroit; la seconde
fois elle fut entraînée jusque dans la Mer du
Nord. Alors Candish prit^ le parti de s’en retourner en
Angleterre.
Cependant, le 11 juillet 1593, il voulut encore revenir
à la charge, mais cette fois il mourut en route.
L’expédition de l’Anglais Jean Chidley ne fut pas
beaucoup plus heureuse. Il mit à la voile de Ply-
mouth, le 5 août 1589, avec cinq navires, entra dans
le détroit le 1er janvier 1590, perdit quinze hommes
avec sa chaloupe aux îles des Pingouins (c’est-à-dire Ste-
Elisabeth, Saint-Barthélemy), et mouilla au Port-Fa-
mme, où sept autres hommes furent tués par les sauvages.
La relation porte qu’ils y recueillirent encore
un Espagnol de la colonie de Philippeville. S’il en était
ainsi, le Hernando de Candish n ’était pas le dernier.
Chidley s’avança huit ou dix fois à quelques lieues au-
delà du cap Forward; mais chassé par les vents et les
courants, il fut constamment repoussé dans l’est.
Enfin, après avoir perdu trois ancres, trente-huit
hommes, et se voyant menacé d’une révolte, il finit
par reprendre la route d’Europe ; il vint faire côte sur
les plages de Normandie, avec six hommes seulement
qui réussirent à se sauver au rivage près de Cherbourg.
Richard Hawkins éprouva presque autant d’obstacles,
mais il réussit à les surmonter. Il fit voile de
Plymouth, le 8 avril 1593; après avoir découvert les
îles que les Anglais ont nommé Falkland, et les Français
Malouines, il embouqua le détroit, le 10 janvier
1594, où il aperçut des cochons sur le rivage, doubla
le cap Forward, puis après deux vaines tentatives
pour débarquer, dans lesquelles le vent le repoussa
très-loin à l’ouest, au moment où il commençait à
perdre courage, il profita d’une brise favorable et put
donner dans la Mer du Sud, mais non pas sans avoir
subi des pertes et des avaries considérables.
Les Hollandais, pour la première fois, se montrent
dans ces parages, et leur début est signalé par des traverses
inouies. A l’exemple des Anglais, ils forment le
projet d’aller s’enrichir en saccageant les possessions
espagnoles. Dans cette intention, ils arment à Rotterdam
une flotte composée de cinq vaisseaux, ayant
pour amiral Jacob Mahu qui meurt peu de temps après
son départ, et est remplacé par le capitaine Simon de