longtemps. Plus tard, il raconte avec plus de de'tails encore, eu
allemand, car il est d’origine suisse, les événements de son séjour
parmi les Patagons, dont il loue à tous égards la bonté et la douceur.
Un de ces Patagons était habillé de vêtements européens,
cadeau de quelque navire baleinier, sans doute, Il portait avec
satisfaction un double rang de boutons en cuivre, et un bonnet
de police, auquel était adaptée une immense visière. Il nous montrait
souvent son vêtement, et semblait y attacher un grand prix,,
ou en demander un autre. Les objets que ces hommes paraissaient
le plus désirer, et qu’ils demandaient très-souvent, étaient dit
biscuit, des couteaux et du tabac. Us nous disaient à chaque instant
: Galetli, grande cuchillo, big knife, tabacco, mots qu’ils
auront appris des pêcheurs anglais, et qui indiquent des çommu-
ninications fréquentes avec des Européens. Nous parvenions facilement
à nous faire comprendre d’eux et à obtenir un vocabulaire
des mots les plus usuels. Lorsque nous demandons leurs noms,
ils nous donnent les sobriquets anglais de Jack et de John, e n y
ajoutant le titre de capitaine : ce ne fut qu’après quelques pourparlers
qu’on parvint à obtenir leurs véritables dénominations
patagones. Le plus âgé se nommait Karroly; W iw e jétait le nom
du plus jeune, et le troisième s’appelle Bijey. Il est difficile de
préciser leur âge : ils s’épilent la barbe et même une partie de?
sourcils, ce qui contribue à les rajeunir.
Us parlent rarement entre eux, et ils causent à voix basse, sans
jamais crier ; ils sourient presque toujours, et rient souvent d’un
rire guttural. Leur prononciation se fait, en grande partie, du
gosier; les lettres o, y, 0, du grec moderne, le 7 ^ arabe, se trouvant
souvent dans leurs mots, mais le k est employé encore plus fréquemment.
Ils l’emploient presqu’àchaque instant, ainsi qu’une
aspiration courte, espèce de point d’arrêt devant les sons que nous,
rendons par des voyelles, et qui séparent les mots en deux. Ainsi,
/éé, eau, se prononce le-he, ou plutôt le-eh ; oltcl, yeux, ott-l.
(M. Desgraz.)
Note 7 2 , page i5 i.
Les femmes paraissaient se livrer assez volontiers aux étrangers
: reste à savoir si elles y sont poussées par l ’appât du gain ou
par l’attrait du plaisir. La communauté des tentes rénd lès relations
des Sexes assez difficiles ; cependant, une peau tendue à propos
sépare au besoin le couple amoureux des autres personnes
qui sont dans la tente. Ges femmes résistent difficilement à l’attrait
de quelques galettes de biscuit ou de quelques colifichets. Je crois
même que leurs maris, leurs parents, seraient les premiers à les
livrer, si on leur offrait quelque chose qui pût les tenter. Cés
femmes sont tellement sales , qu’il faut, ce me semble, être doué
d’un grand courage pour rechercher près d’elles les plaisirs des
sens.
Hommes et femmes sont également sales. Je crois qu’ils ont
horreur de l’eau, et qu’ils conservent avec soin la croûte qui les
recouvre partout, pour les mettre à l’abri des intempéries des sai-
soris. Leurs longues chevelures, les peaux qui les couvrent, servent
de repaires à une grande quantité de vermine. J’ai vu plusieurs
femmes qui en cherchaient dans les têtes de leurs enfants,
les manger avec un certain plaisir. Elles se servent, en guise de
peigne» d’un petit balai de racines assez dures.
(A/. Gourdin.')
Note 7 3 , page i5 i.
H?1 l)oiut rencontré parmi les naturels ces géants dont ont
parié les anciens navigateurs : le plus gjrand que j’aie vu avait
i hs 86*'; mais ils m’ont semblé Ati^e, en général, d’une belle taille.
Leur figure est belle, la tête forte, le corps bien fait, mais sans
muscles. Chez les femmes, la taille est je crois supérieure, à proportion,
à celle ,des, hommes ; mais j’ai cru remarquer qu’elles.