campagne il fut décidé, et l’on prévint immédiatement M. le commandant
d’Urville qu’on lui donnerait deux bâtiments ; l’un devait
être l’Astrolabe, qu’il avait déjà désigné, l’auti’e était laissé à
son choix, tant pour la nature du navire que pour le capitaine
appelé à le commander. M. d’Urville indiqua la Zélée qui était
en tout semblable à XAstrolabe, et me fit en même temps la proposition
de l’accompagner derechef dans ses nobles travaux, offre
honorable que je m’empressai d’accepter et qui fut ratifiée par
le ministre. Dès-lors nous nous mîmes à l’oeuvre, et nous nous
occupâmes entièrement des réparations et de l’armement des deux
corvettes.
(Af. Jacquinot.)
Note 2 , page l x x x .
Des ordres avaient été donnés; pour diriger, des côtes de la
Manche sur Toulon, des marins choisis et de bonne volonté ;
mais, comme cela arrive presque toujours dans des choix pareils,
ces marins soi-disant d’élite, quand ils arrivèrent, furent reconnus
comme très-médiocres, et les capitaines, usant du droit que
leur avait laissé le ministre , furent obligés de les refuser. A la
fin de juillet seulement, le dernier convoi de ces matelots par la
corvette de charge la Dordogne arriva à Toulon ; on trouva parmi
eux si peu de bons matelots volontaires q u e, pour former nos
équipages , nous dûmes avoir recours à un appel aux marins des
vaisseaux alors en rade de Toulon. Les autorités maritimes et les
commandants des vaisseaux se prêtèrent à cette mesure avec complaisance,
et nous pûmes désormais choisir sut* un nombre presque
triple de celui qui nous était nécessaire.
La prime accordée par l’ordonnance du 3o mai et le goût qu’ont
en général les bons matelots pour la grande navigation et les expéditions
les plus aventureuses , tant ils ont l’habitude de laisser à
leurs chefs le fardeau de la responsabilité, avaient multiplié le
NOTES. MÊ 173
nombre des volontaires. 11 en fut de même du corps des officiers
qui ne furent pas plus que les marins arrêtés ni effrayés par les
prédictions sinistres et les attaques imprudentes lancées contre
notre expédition : ils déploraient seulement l’effet-qu’elles pouvaient
produire sur leurs familles.
(M . Dubouzet.)
Note 3, page 2.
Le commencement de notre navigation nous fit augurer on ne
peut plus favorablement du succès. Officiers et marins étaient
pleins du plus noble enthousiasme pour la campagne, déjà on
bâtissait des châteaux en Espagne pour le retour et on discutait
des plans de voyage, comme si on touchait déjà à cette époque ;
la confiance était dans tous les coeurs et tout le monde était animé
d’une gaieté qui promettait de ne pas se démentir.
(Af. Dubouzet.')
Note 4, page 2 .
Le soir, le soleil couchant était d’un rouge vif, l’horizon avait
dans leN . O. une teinte rouge orangée , passant bientôt à une
nuance» rutilante analogue aux vapeurs nitreuses ; ses derniers
rayons ont.pris une teinte pâle qui s’effaça dans l’azur du ciel.
Nous avons pris ce crépuscule pour u n indice de vent , mais notre
équipage, peu soucieux des tempêtes, a déjà entonné, le refrain
du gaillard d’avant :
Nous if-ottsi-jusqu’au bout (lu monde,;
L’Astrolabe ne [»élira pas. , ,
La brise a fraîchi pendant la nuit y la mer est devenue plus
grosse, la corvette a tangué plus rudement ; sa marche ne m’a pas
paru trop inférieure. Elle a atteint dix noeuds , avec des vents de