Note 37 , page 88.
Nous longions la côte N. de l’île à un mille de distance, filant
six noeuds, la Zélée à deux encablures dans nos eaux. Arrive's à
la pointé 0 . de l’île, nous serrons lèvent; mais la bordée nous
portait sous le vent du cap Negro, nous virons vent devant, sous
les huniers et la misaine, et avec une -hardiesse inouie, nous
courions droit sur la pointe sud de l’île Elisabeth ; pendant ce
temps, nous établissions la grande voile et le perroquet de
fougue qui avaient été serrés, et la brigantine, puis environ huit
minutes après le premier virement de b o rd , nous virons de
nouveau. Nous n’étions plus qu’à deux encâblures de terre, et il
nous eût peut-être été funeste de manquer à virer. Le commandant
ordonna ces manoeuvres avec le plus grand calme et. le plus
admirable sang-froid. De la bordée suivante nous doublâmes le
cap Negro à un mille de distance.
[M. Gourdin-)
Note 38 , page 88.
Dans la nuit, nous sommes restés sous voiles, et par une manoeuvre
hardie, nous avons passé entre l’île Elisabeth et la côte.
Tous les officiers s’accordent pour admirer l’habilité et le sang-
froid du commandant dans la navigation épineuse du détroit.
La manoeuvre de la nuit dernière a presque enthousiasmé ces
messieurs.
(M . Desgraz.)
Note 3g, page 94.
Des cénotaphes ont été élevés sur divers points de la côte, à la
mémoire de quelques baleiniers anglais ou américains. Ce sont
de simples planches ou poteaux ; l’un de ces polsaux avait été
planté par le capitaine Dugué du navire le Hâvre, comme un
souvenir de son passage par le détroit. On trouva suspendu à
un arbre un petit baril avec cette inscription Post-office. Il contenait
plusieurs notes ou renseignements nautiques laissés par
les capitaines anglais ou américains, sur le détroit de Magellan,
l’époque de leur passage, l’état des vents, des courants, etc. Au
temps où la pêche des phoques avait attiré bon nombre d’Américains
dans ces parages, l’un d’eux, M. Water-House avait déposé
au Port-Famine, qui était le point de relâche le plus fréquenté
par les pécheurs, une bouteille servant à recevoir les
notes et lettres des divers navires. Ceux qui passaient par le
détroit pour se rendre en Europe ou au Chili, emportaient les
dépêches à leur destination. Le capitaine anglais Carrick eut
l’heureuse idée de convertir la bouteille de Wàter-House en un
véritable bureau de poste, sans directeur ni commis. Le modeste
baril fut placé à cette extrémité du monde, sous la sauvegarde
et à l’usage des navigateurs. L’honorable M. Carrick est
passé depuis pour la cinquième et sixième fois, emportant toutes
les lettres ; nous n’avons trouvé que les notes et renseignements
nautiques. Le baril-poste fut religieusement remis à la place.
Nous lui donnâmes une succursale signalée par un poteau élevé
sur la crête d’un petit morne escarpé qui domine l’aiguade ; une
feuille de Cuivre clouée au poteau reçut l’inscription suivante :
CORVETTES FRANÇAISES ASTROLABE ET ZÉLÉE,
COMMANDANT d ’ u RVILLE ,
ARRIVÉES ICI LE l 5 DECEMBRE 1 8 3 7 , EARTIES EE DÉCEMBRE
POUR LE POLE AUSTRAL.
Une boîte revêtue de zinc reçut nos dépêches pour la France,
avec une note pour les navigateurs qui viendront après nous.
Elle fut attachée au poteau avec un écriteau où l’on pouvait lire