tains endroits, il est impossible d’y poser les pieds pendant quelques
instants.
Maintenant, jetez vos regards autour de v ou s, voyez ces trois
montagnes entassées les unes sur les autres ; n’est-ce pas uni»
oeuvre des géants pour escalader le ciel? Considérez ces immenses
coulées de lave qui divergent d’un point unique et forment la
cioûte q u e , peu de siècles auparavant, vous n’eussiez point foulée
impunément. Voyez au loin cet archipel des Canaries , jeté çà
et là sur la mer, qui brise sur les côtes de l’île dont vous êtes le
sommet, vous pygmées !.. Voyez comme Dieu doit v o ir , et soyez
payés de vos fatigues, voyageurs que l’admiration des grands
spectacles de la nature a conduits à 3704 au-dessus du niveau
de la mer.
(M . Couppent.')
Note i3 , page 18.
A sept heures du matin, une embarcation s’approche de la corvette;
elle porte la commission sanitaire. La mystification de la
veille avait prédisposé a une froide réception et la commission ne
monta pas même à bord. Immédiatement après l’admission, le
commandant descend à terre ; à son retour, la permission d’aller
a terre est accordée a tout l’état-major. A onze heures nous sautions
sur le débarcadère, la mer y brise avec force et en rend l’approche
assez difficile. On entre dans la ville par une porte gardée
par un poste de soldats habillés de blanc, avec des bandoulières
noires. Tout auprès, à droite, se trouve le jardin que nous apercevions
depuis le bord, c’est l’Alameda, promenade publique ,
exiguë s’il en fût, entretenue aux frais des citoyens désireux d’ajouter
aux agréments de leur v ille , ainsi que l’annonce une pompeuse
inscription placée à son entrée. C’est là o ù , le so ir, les
habitants de Santa-Cruz viennent respirer l’air frais de la mer
succédant aux chaleurs du jour. Ces habitudes se retrouvent
dans tous les climats chauds où la première partie de la nuit est
le moment où la température est le plus agréable. A gauche de la
porte et en montant obliquement, on arrive, au bout de quelques
pas, sur une grande place pavée en briques et entourée de bancs
de pierre. A son entrée, se trouve une pyramide quadrangulaire
en marbre supportant une statue de la Vierge. Aux quatre coins
du piédestal, une statue de Guanche, drapée à la romaine, indique
le ciel d’une main et tient un fémur humain dans l’autre.
L’inscription sculptée sur ce monument, apprend qu’il a été
sculpté aux frais d’un Génois habitant Santa-Cruz, en l’honneur
de la Sainte-Vierge, dont une apparition dans cet endroit même
présagea aux Espagnols une victoire sur les Guanches, possesseurs
primitifs de l’île. La sculpture de ce monument a été faite
à Gênes et n’en est pas meilleure pour cela. A tout prendre, c’est
un monument de mauvais goût et de mauvaise exécution. A l’autre
extrémité de la place, s’élève une croix fort simple. La structure
des maisons est celle que les Espagnols ont reçue des Maures.
Rarement les édifices dépassent deux étages ; des galeries en
bois environnent une cour couverte à l’air et au soleil. Les appartements
donnent d’un côté sur la galerie et de l’autre côté ouvrent
leurs fenêtres sur la rue. Les jalousies remplacent les vitres le
plus souvent, e t , sous leur couvert, on aperçoit plus d’un oeil
suivre la marche des passants. Presque toutes les portes des
maisons sont fermées, e t, lorsqu’elles s’entr’ouvrent, on aperçoit
un bananier aux larges feuilles abritant de son ombre le milieu
de la cour; autour de lui sont groupés des pots de fleurs. Les
rues sont assez larges, pavées de petits cailloux ; des trottoirs en
briques et en larges dalles offrent, de chaque cô té , un marcher
plus commode ; c’est là seulement que circulent gravement les notables
de la ville ; le milieu de la rue paraît être dévolu à de malheureux
petits ânes, trottant sous le double ennui d’une lourde
charge et de coups libéralement distribués. Les vêtements de la
classe aisée n’ont rien de particulier. Seulement, de larges fa