quemaurel, je passe l’inspection des hommes qu’on disait
avoir choisis pour notre expédition dans les levées
du nord. Sur près de quatre-vingts,. nous n’en désignons
que vingt; encore pour compléter ce nombre,
faut-il admettre des matelots de troisième classe, à
peine âgés de 19 à 20 ans; mais ils semblent alertes,
bien portants, et surtout de très-bonne volonté, ce
qui plaide en leur faveur à mes yeux.
Ainsi frustré dans mon attente , je demande au préfet
l’autorisation de prendre, sur les vaisseaux de la
rade, quelques hommes de bonne volonté > ma requête
est accueillie, et grâces à ce moyen , lés équipages se
complétèrent rapidement*. Pour exciter leur ardeur,
le ministre avait ordonné qu’on accordât sur-le-champ
un avancement en grade ou en classe à tous les sujets
qui feraient partie de cette expédition, pourvu qu’ils
eussent rempli les conditions exigées en pareil cas.
Sage mesure qui eut les plus heureux résultats. ' *
Le i 5 août, mon terme de rigueur arrive, et loin
d’être prêts à appareiller, il y a encore beaucoup
a faire pour l’armement. Heureusement, XHercule et
la Favorite quittent enfin Toulon, et de ce moment
l’arsenal met à notre disposition les moyens néces*
Note 2.
saires. La Zélée entre en rade le 'iA août et l’Astrolabe
le 21 du même mois.
J’aurais bien désiré pouvoir passer vingt jours sur la
rade, une fois tous les travaux terminés, avant de
lever l’ancre. Ce délai eût été bien utile, aux matelots
pour leur permettre de se reposer un peu des
fatigues inouies qu’ils avaient endurées dans l’armement
, aussi bien que pour nous donner le temps de
mettre en ordre tous les objets dont nos navires étaient
littéralement encombrés. Mais les fâcheux retards
qu’avaient subis les travaux, me privèrent de ces avantages.
Au contraire, je me vis forcé d’assujettir nos
marins à de nouvelles fatigues, pour ne pas m’exposer
à perdre la saison prochaine pour l’exploration des
glaces. Ces hommes montrèrent un dévouement parfait
et poursuivirent leur pénible tâche sans murmurer.
Le 7 septembre à midi, déjà bien encombrées, les
corvettes n’eurent plus rien à prendre dans l’arsenal,
et quoique nous eussions eu besoin de huit jours au
moins pour nos derniers arrangements, je ne voulus
pas perdre un instant de plus, et je donnai l'ordre
du départ.
A midi précis, je fis mes adieux à ma femme et à
mes enfants. Ce moment fut bien douloureux pour
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