Sur ma simple invitation, l’une et l’autre voulurent
bien rédiger une suite d’instructions pleines de dignité
et de convenance, et conçues dans les termes
les plus obligeants pour moi. En outre, deux étrangers
illustres, MM. de Humboldt et de Krusenstern,
qui m’honoraient depuis longtemps de leur estime,
m’adressèrent, chacun de leur côté , des félicitation!
sur la nouvelle campagne que j ’entreprenais, et sur les
services que les sciences pouvaient en attendre. D’aussi
honorables suffrages furent d’un grand prix à mes yeux
et contribuèrent puissamment à me faire oublier des
critiques auxquelles je ne devais guères m’attendre.
^ Peu de temps avant la proposition de mon projet,
j avais eu l’occasion de m’occuper de phrénologie, j ’avais
lu et médité avec attention les mémoires de Gall et
Spurzheim, de Vimont et quelques livraisons du journal
de la société phrénologique, à l’aide d’un crâne
divisé suivant la méthode de Gall. Plusieurs points de
la doctrine de cet homme célèbre fixèrent vivement
mon attention et se trouvaient d’accord avec des opinions
particulières que je m’étais formées d’après mes
propres expériences. A Paris, je fis connaissance avec
plusieurs des chefs les plus distingués de cette société ; '
et s’ils me parurent quelquefois marcher trop vite
ppropriant certaines localités bien resserrées du
INTRODUCTION. LXXyiI
cerveau à l’exercice de certaines facultés, au moins
j'adoptai presque entièrement leur système, quant à
la répartition des facultés intellectuelles, morales ou
instinctives, dans les trois parties principales de la
tête, et même la localisation de quelques facultés.
A Londres, j ’allai présenter ma tête au fameux cra-
nioscope Deville, sans qu’il lui fut possible de soupçonner
seulement qui je pouvais être, et le résultat de
son examen fut de nature à m’étonner. A Paris, la foi
vive et ardente de MM. Broussais, Vimont, Dumou-
tie r , Dannecy, Sarlandière, Gaubert, e t c ., excita
mon intérêt, et je regrettais qu’aucune des personnes
de notre expédition ne se fût livrée à cette étude,
pour en faire des applications dans le cours de la
campagne, quand M. Dumoutier vint solliciter l’autorisation
de m’accompagner, comme la plus grande faveur
que je pouvais lui procurer. Je le proposai au ministre
qui voulut bien encore acquiescer à cette demande, et
il fut embarqué sous le titre de Phréno logis te et Préparateur
d'histoire naturelle. Plus tard, je lui confiai
les fonctions de second chirurgien, dont il s’acquitta
constamment avec zèle et distinction.
Les lettres que m’écrivait M. Jacquinot touchant les
travaux des corvettes n’étaient pas rassurantes, et
malgré mon insistance près du ministre, malgré les