l ents, particulièrement la maman, qui pressa son enfant
avec amour contre son sein, et me gratifia d’un
regard très-expressif.
Près de la tente du chef étaient accroupis deux vieillards,
homme et femme, qu’on eût dit être ses parents
ou ceux de sa femme ; ils semblaient avoir au moins
70 ans. L’homme surtout avait une superbe tête de
vieillard, et quand il se leva, je lui donnai volontiers
près de 5 centimètres de plus qu’à moi, c’est-à-dire
environ lm,790; malgré son âg e, c’était un homme
très-vert, et ses dents étaient fort belles.
Niederhauser me fit remarquer quelques individus
qu’il me dit être Pécherais ; pour moi, c’était le même
type de ra c e , seulement ils étaient plus chétifs, plus
misérables, et leur visage plus raccourci et encore
plus aplati vers un front très-déprimé, annonçait des
facultés intellectuelles plus pauvres. Faits esclaves
dans leur enfance, ils étaient devenus libres une fois
adultes.
C’est le devoir des femmes d’aller au loin chercher
du bois à brûler, car il n ’y a pas un arbrisseau dans
ces vastes steppes ; mais elles ne manquent pas de
monter à cheval pour cela, et elles ménagent avec
soin leurs combustibles, ne s’en servant que pour
préparer leurs aliments. Malgré la rigueur habituelle
de ces climats, les enfants de un à trois ans se roulent
tout nus par te rre , sans paraître nullement
souffrir du froid ; tous sont potelés, joufflus et ont des
ventres rebondis comme de vrais chérubins.
Deux marmots aux cheveux frisés m’ont paru être
lés fruits du croisement de quelque Anglais ou Américain
avec les beautés patagones ; toutes ont paru disposées
à en faire autant avec les Français ; mes deux
passagers assurent que ces femmes sont singulièrement
lascives; je ne sais pas si MM. Dumoutier, Du-
corps et Desgraz, qui m’ont demandé à passer la nuit
sous leurs tentes ont essayé de s’assurer de ce fait.
L’une des jeunes filles que j ’ai vues m’a frappé par sa
peau plus blanche que celle de ses compagnes, et
presque aussi claire que celle de bien des filles du
peuple en Provence ; toutefois, tout bien considéré,
pas une d’elles, suivant nos idées de beauté pour la
femme, ne mérite d’être citée, non pas pour gentille,
mais seulement pour passable dans leur sexe.
Après avoir examiné attentivement, durant une
heure environ, cette petite peuplade, ma curiosité fut
satisfaite et je dirigeai mes investigations sur le tapis
végétal que je sentais sous mes pieds ; c ’était une immense
plaine, doucement ondulée, couverte de
plantes herbacées, sans aucune espèce de véritable
arbuste; j ’eus bientôt rempli ma boîte de nouveaux
échantillons de plantes dont plusieurs se rapportaient
à ma Florula des Malouines. Jè ne citerai qu’une jolie
petite Calceolaria à fleurs jaunes, un Cylisus rampant
à feuilles soyeuses, un Ancistrum à fruits très-gros, une
petite Pimpinella à fleurs jaunes, un charmant Gna-
phalium en gazon, un Brômus à balles renflées, un
Stipa, etc. Le maître d’équipage m’apporta aussi
quelques insectes qu’il avait trouvés sous les touffes
de gazon