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cueille surtout avec joie quatre ou cinq espèces de
plantes identiques ou du moins très-analogues à celles
qui croissént en France dans les genres Equisetum,
Myriophyllum, Ruppia , Lithospermum, Valantia,
Gnaphalium, etc. Doit-on les considérer comme indigènes
ou bien comme des espèces introduites avec
les plantes dont les Espagnols durent tenter la culture?
C’est là une question déjà difficile à résoudre.
En certains lieux de la plaine, on a soulevé de
grandes plaques de gazon sans doute pour faire de la
tourbe ; dans une petite masse d’eau formée par l’un
de ces creux, j ’ai observé de petits Gyrins que je n ’ai
pu réussir à capturer.
Le soir, M. Hombron me communiqua les fleurs de
deux ou trois plantes qu’il avait rapportées du sommet
du mont Tarn ; comme je ne les avais point vues
dans la plaine, ce fait annonce qu’à ces latitudes certaines
espèces sont propres à des stations plus élevées
: il est regrettable qu’il n ’en ait pas rapporté un
plus grand nombre d’échantillons. .
Le boat envoyé à la pêche est revenu avec une cargaison
de 70 à 80 kilogrammes de beaux poissons.
Vers une heure après midi, je m’embarque et fais
d’abord donner cinq tours de drague entre la corvette
et le rivage, mais sans en retirer aucun résultat digne
d’être cité. Puis, je passe deux heures à ramasser sur
les rochers des moules, des patelles, fissurelles, sipho-
naires, murex, licornes, etc., quelques échantillons
de thalassiophytes et à renouveler ma provision de
céleri et de salade de Perdicium; ces promenades paisibles
me sont à la fois salutaires et agréables ; elles DéJ 2 re
font trêve aux ennuis du bord et m’offrent toujours
quelque but «d’utilité. Pourquoi suis-je prédestiné à en
jouir si rarem en t, mais un cadre immense m’est
tracé et il ne tiendra pas à moi qu’il ne soit rempli
et même dépassé, si mes projets pouvaient s’accomplir
*.
Plusieurs de nos officiers, et M. Dumoutier p a rti- 26.
culièrement, brûlaient du désir de* pouvoir communiquer
avec les Patagons; en effet les récits merveilleux,
les fables débitées à diverses reprises par une foule de
navigateurs, les controverses auxquelles des opinions
contradictoires avaient donné lieu ; en outre, les idées
vagues et bizarres qui se rattachent à la vue d u n
sauvage quand on n ’en a jamais v u , tout cela était
bien capable d’exciter la curiosité de jeunes cerveaux.
Ils en avaient déjà assez dé l’aspect des lieux et des
beautés sauvages que leur offrait la nature. Il leur
fallait du nouveau, et une entrevue avec les indigènes
leur en promettait. Dans le sud du Port-Famine, le
terrain jonché de bois impénétrables jusqu’aux bords
de la m e r, et parfois si escarpé qu’il en devient impraticable,
ne peut offrir de chance d’y trouver
aucune population. C’était donc vers le nord qu’ils
devaient plutôt se diriger, car j ’ai déjà dit qu’à la
pointe Rocky, la côte est assez unie et se trouve bordée
de prairies naturelles d’un accès plus facile. En outre,
les ajoupas, les carcasses de chevaux et quelques
* Notes 45 et 4 6 -
il