Noie 4 i, page 99.
Malgré leür aspect sombre et sauvage, les forêts de la Patagonie
ne sont pas entièrement privées des agréments que présentent
les contrées moins éloignées de l’équateur. De vastes clairières
offrent à l’oeil du voyageur de magnifiques pelouses bordées de
grands arbres peuplés de perroquets, de pies, de merles et de
grives. Dans ces enceintes solitaires, dont le silence n est troublé
que par la voix des oiseaux, on peut un instant se croire au milieu
d’un de nos anciens parcs féodaux en un jour de printemps;
mais l’illusion s’envole aussi prompte que la rafale de 1 ouest qui,
dans quelques minutes couvre l’azur du ciel d’un voile d’ardoise
et roule dans les vallées des tourbillons de neige et de grêle, avec
des torrents de pluie. Les clairières elles-mêmes sont peu praticables,
a cause d’une herbe touffue qui couvre des mares d’une eau
croupissante. Cependant le chasseur sans cesse contrarié par les
difficultés du terrain, doit s’estimer heureux de rencontrer ces
clairières non loin de la mer et de la rivière Sedger. C’est de là
qu’il peut atteindre au passage les vols d’oies ou de canards, ou
surprendre les bécassines et une foule d’autres oiseaux qui viennent
réjouir nos tables, ou s’enfouir dans les charniers des naturalistes.
(M. Roquemaurel.')
Noie 42, Page 101 •
Le sol de la presqu’île San ta-Anna est formé d’une roche schisteuse
dont on retrouve les couches feuilletées sur tous les points
du contour de la baie qui n’ont pas été envahis par les alluvions.
Cette roche est recouverte d’une couche d’humus de 5 à 7 décimètres
d’épaisseur, où croissent des herbes touffues, des plantes
épineuses, des groseillers sauvages et plusieurs autres arbustes
qui formaient un fourré des plus inextricables, l’eau qui provient
de la fonte des neiges de 1 intérieur du pays ou des pluies, mais
non point je crois des sources jaillissantes, sourd au-dessus delà
rofche, au milieu d’un faisceau de racines et de taillis, et s’épanche
vers la mer en une foule de petits filets qu’on rencontre sur les
divers points dé la côte. L’eau arrive donc chargée de matières
végétales qui lui communiquent leur saveur, et une partie de
leur odeur. Mais, grâce aux basses températures de ces climats,
ces derniers végétaux n’exhalent point d’odeur malfaisante, et ne
nuissentque fort peu à la pureté des eaux.
\M. Roqucmaurel.')
Note 43, page 101.
Le temps étaitbeau, la brise au N. 0 . Je quittai le bord à trois
heui’es du matin, accompagné de MM. Dubouzet, Thanaron,
Montravel et Le Guillou, dans l’intention de remonter la rivière
Sedger, et d’en suivre le cours aussi haut que nous le pourrions.
Le canot que nous primes était léger, marchait bien, et réunissait
les conditions nécessaires pour cette exploration. D’après le récit
de quelques navigateurs qui nous avaient précédés, nous devions
craindre de voir notre marche arrêtée à trois ou quatre milles de
l’embouchure par les arbres qui, à cet endroit, obstruaient la
rivière et fermaient toute issue aux embarcations. Mais nous
fûmes plus heureux, nous pénétrâmes à six milles, et pour aller
plus loin, nous ne trouvâmes d’autre obstacle que le courant qui
était très-violent et que nous ne pûmes jamais franchir, quelques
efforts que firent nos matelots, qui dans cette circonstance ne se
ménagèrent pas. Nous eûmes presque partout une profondeur
de quatre à cinq pieds à égale distance des deux rives. Je ne saurais
déterminer jusqu’à quelle hauteur l’influence de la marée se
fait sentir. Le capitaine King affirme que l’eau est douce à un
mille de l’embouchure.
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