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Octobre.
4.
bable gravité que nous n ’aurions l’entrée que lé lendemain
au matin.
A cette étrange décision chacun fut désappointé. Le
capitaine Jacquinot était furieux, et j’avoue que je fus
moi-même assez contrarié de ce nouvel ajournement
qui ressemblait fort à une mystification. J’eus même un
moment l’envie de remettre à la voile sur-le-champ
pour en finir avec tous ces hommes sans parole. Mais
les vivres, les montures et d’autres objets avaient été
commandés à ma prière par M Bretillard. Il me représenta
l’embarras où je le mettrais, et je tenais tant
moi-même aux expériences que M. Dumoulin devait
exécuter dans cette excursion, que je ne voulus pas la
faire manquer pour un jour de plus de retard.
Dès huit heures, le canot de la santé vint nous accoster,
et cette fois il nous annonça que nous pouvions
communiquer avec la terre. A cette nouvelle, tous les
officiers, ceux qui se trouvaient de service seuls
exceptés, prirent leur volée, et les rues solitaires de
Santa-Cruz furent bientôt peuplées de Français, courant
çà et là, selon que leurs goûts ou leurs penchants
les dirigeaient.
J’avais désigné MM. Dumoulin et Goupvent pour
les observations officielles à faire, et devant en conséquence
faire cette course aux frais de l’expédition.
D’autres s’y joignirent en qualité de simples amateurs
comme MM. Dubouzet, Lafarge et Le Guillou, mais
cheminant à leurs frais.
Vers dix heures, ils se mirent en route, et nous les
laisserons accomplir leur voyage sans autres détails.
J’ai déjà raconté ce que je pus y voir de curieux en
1826, et dans l’appendice on trouvera, si l’on veut, les
relations de deux de ces messieurs *.
Pour moi, conduit par M. Bretillard, je suis allé
faire ma visite au marquis de la Concordia, maréchal
de camp, gouverneur des Canaries, homme d’une
soixantaine d’années, de bonne mine et doué de toute
la gravité espagnole. Son accueil a été poli, mais sans
aucune sorte d’empressement, ni même de cette prévenance
presque officielle dans sa position vis-à-vis
d’une expédition comme la nôtre. Cette réserve m’a
parfaitement convenu; car je me souciais fort peu
d’avoir à subir les galas, les bals, les fatigues et les
questions ennuyeuses qu’entraînent de coutume ces
fastueuses réunions. J ’avais besoin de repos et d’indépendance
pour me préparer au long trajet que j ’avais
en perspective avant de quitter de nouveau ma prison
flottante.
Je fis donc un tour de promenade en ville avec
M. Bretillard. Nous nous présentâmes dans quelques
maisons dont les maîtres n ’étaient pas visibles, car
c’était l’heure de la sieste ; puis je rentrai de bonne
heure sur ma barque, après avoir arrêté pour le surlendemain
une promenade à cheval pour Laguna et la
belle forêt de las Mercedes.
Pour essayer jusqu’à quel degré nous pouvions
compter sur la sagesse de nos marins, j ’avais consenti
à laisser descendre à terre le quart de chaque
18:i7.
Octobre.
Notes î 1 et \ 2 .
I.