riantes et majestueuses forêts qui décoraient la bande
occidentale aux environs de Port-Famine. Il est vrai
que les côtes généralement plus escarpées ne permettent
pas la formation de ces belles vallées si propices
au développement complet du hêtre antarctique*
A l’aide du vent d’est qui avait beaucoup fraîchi à .
six heures, nous dépassions la masse oblongue du cap
Holland, et nous approchions rapidement du Port-
Galant. Depuis ce moment jusqu’à la nuit, nous ne
cessâmes d’observer une colonne de fumée qui semblait
constamment sortir d’un même point, par-delà
un pic neigeux qui domine cette partie de la côte. Sa
constance et sa régularité nous firent soupçonner à tous
l’existence, sinon d’un véritable volcan, au moins
d’une fumerolle abondante, et le désir de vérifier ce
fait m’aurait fait toucher avec plaisir à Port-Galant.
Toutefois, craignant de regretter plus tard la perte
d’un temps pour nous si précieux; dominé d’ailleurs
par le désir d’arriver au plus tôt à Playa-Parda où je
voulais faire la première halte, je me décidai à pousser
de l’avant et à passer la nuit sous voiles.
Malheureusement à huit heures et demie, le vent
tomba subitement, et laissa nos navires absolument
à la merci du courant entre le Port-Galant et les îles
Charles situées au beau milieu de cette partie du détroit.
Ce contre-temps me força à passer une nuit
très-pénible et à profiter du moindre souille pour
nous maintenir vers le milieu du chenal.
Nonobstant des remous de marée assez fréquents,
la mer resta belle, nous pouvions manoeuvrer; en
outre la neige qui couvrait les montagnes reflétait une
lueur pâle qui nous aidait à reconnaître les formes de
la terre.
Sans doute, il était fâcheux de voir mes belles espérances
si subitement frustrées ; mais en définitive
j ’avais été bien servi depuis mon entrée dans le détroit,
et c’était un grand point que d’avoir pu explorer un si
grand développement de côtes en un si court espace
de temps. M. Dumoulin n ’avait cessé de faire, avec assiduité,
la géographie de toute cette étendue de terres.
A midi, la température avait été si douce que le
thermomètre à l’ombre était monté à 14° 5, et c’est
beaucoup pour ces régions ; il retomba dans la nuit à 9°.
Peu après minuit, le flot se prononça, et nous fit
perdre les derniers trois milles de route que le jusant
nous avait fait gagner au-delà du Port-Galant. Il en
résulta qu’à quatre heures, quand la brise s’éleva subitement
de l’ouest, nous étions précisément en face
de la baie Fortescue qui sert de mouillage extérieur au
Port-Galant.
Renonçant à courir de pénibles bordées contre un
vent directement contraire, je pris mon parti sur-le-
champ > et mettant le cap sur la baie, nous rangeâmes
à quelques toises de distance la pointe Milagro que je
savais très-accore. J ’allai mouiller entre cette pointe
et l’îlot Wigwam par six brasses et demie, fond de
sable et coquilles brisées. La Zélée imita notre manoeuvre.
Aussitôt le canot major fut mis aux ordres
de M. Gourdin chargé de lever le plan du Port-Galant,
et de déposer à terre MM. Dumoulin et Hom-
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Pl. VIII