2 décembre.
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avons envoyé le thermométrographe à 500 et 300
brasses. On a eu 5 et 6° pour la température des eaux
à ces distances, tandis que celles de la surface se maintenaient
à 11° 5.
Les observations de midi accusent encore près de
10 milles de courant au N. N. E. en vingt-quatre
heures.
Les brumes deviennent fréquentes, et il faut avoir
recours aux coups de canon pour nous conserver ensemble.
Dans la soirée du 2, la brume est si épaisse
qu’on distingue à peine les feux de la Zélée, bien qu’on
entende facilement la voix de l’homme en vigie sur
le bossoir.
Jusqu’alors la sonde avait été plusieurs fois envoyée
jusqu’à 100 brasses et au-delà sans trouver fond, mais
aujourd’hui on l’a obtenu par 82 brasses, et il s’est
trouvé de sable gris. La température était encore de
5° à cette profondeur, tandis que la surface s’élevait
à 11° 3.
Les observations de midi ont prouvé que, durant
l’espace complet de trois jours où le soleil nous a constamment
fait défaut, les courants nous ont portés de
55 milles au nord et 33 milles à l ’ouest. Ces résultats
sont d’autant plus remarquables, que les vents ont
presque toujours dépendu du nord pendant tout ce
temps.
Dans la soirée, le vent saute de l’O. au S. S. O. en
augmentant rapidement de force, et souffle en coup
de vent modéré pendant toute la journée suivante.
Les lames sont creuses et assez courtes ; mesurées séparément
par M. Dumoulin et par moi, elles atteignent
huit mètres et demi de hauteur totale. Aussi méritent-
elles à peine d’être citées près de celles que j’observai
en 1826*.
A travers ées flots agités se jouent beaucoup d’albatros,
de damiers et de pétrels cendrés, et l’on vit
flotter de nombreux et volumineux paquets de La-
minaria pyrifera.
Dans la matinée, la mer se montre un moment
chargée de petits animaux que j ’avais pris d’abord
pour du fretin de poisson très-menu. Mais vus de près
et à la loupe, on reconnaît que ce sont des crustacées
d’une forme très-élégante.
J ’étais parvenu par 52° environ lat.-S. et 67° 40'
long. O. De petites brises, de l’E. au S. E. ne me permettaient
pas de cheminer rapidement vers la terre
des Etats; cette considération jointe à l’idée pénible
de perdre inutilement à la mer un temps précieux,
me. décidèrent à prendre un parti que je méditais depuis
longtemps, mais que j ’avais toujours dissimulé
dans la crainte d’être trahi par les circonstances. Ce
fut d’échanger la triste et insignifiante relâche de la
terre des Etats, contre un mouillage bien plus intéressant
sous tous les rapports dans la Patagonie.
L’on peut se rappeler que dans le projet de campagne,
tel que je le conçus et le proposai au ministre,
l’exploration du détroit de Magellan devait servir de
prélude aux travaux que jn voulais exécuter dans