l xvm INTRODUCTION.
eu ter dans les archipels encore peu connus de l’Océanie.
Néanmoins , à force d’examiner l’affaire sous toutes
ses faces, je reconnus enfin qu’une tentative vers le
pôle austral aurait, aux yeux du public, un caractère
de nouveauté, de grandeur et même de merveilleux
qui ne pourrait manquer de fixer les regards. Les
hommes savent gré qu'on les étonne, a du dire Napoléon
suivant Boiste , et jamais axiome ne fut peut-être
plus vrai ; de là l’admiration des hommes pour toute action
qui dépasse entièrement le cercle habituel de leurs
pensées, qui confond toutes leurs prévisions, quand bien
même cette action leur serait inutile, même funeste.
La pointe au travers des glaces, à supposer imaginaire le
récit de Weddell, ne pouvait manquer de donner lieu
à des observations importantes sous plus d’un rapport.
Deux nations puissantes sur mer en avaient porté ce
jugement, puisque les États-Unis d’Amérique avaient
déjà voté une somme énorme pour une expédition
destinée à ce b u t, et en Angleterre la société royale
des sciences et la société de géographie étaient en instance
près de leur gouvernement pour le même sujet.
Dès-lors mon parti fut pris, je m’identifiai sans
retour avec la pensée du roi, et je déclarai au ministre
que j ’acceptais le mandat qui m’était proposé. Je demandais
en même temps l’autorisation de me rendre à
INTRODUCTION. L X IX
Paris, pôur m’y occuper des préparatifs nécessaires à
cette longue campagne. Enfin je désignais M. le capitaine
de corvette Jacquinot* pour commandant de la
conserve qui m’était accordée. Nul autre officier dans
le corps entier de la marine ne possédait au même
degré ma confiance, et nul autre ne l’aurait justifiée
d’une manière aussi complète.
Au commencement de mars, XAstrolabe et la Zélée,
navires de la même force et de la même nature furent
désignés pour cette expédition, et l’ordre fut expédié
au port de les préparer convenablement, ç
Aussitôt je dus m’occuper de la composition des
états-majors des deux corvettes. Le choix du second
de XAstrolabe était surtout une affaire importante pour
moi. Par malheur, depuis près de quinze années que
j ’étais affecté à des travaux d’une nature toute spéciale,
j’avais cessé à peu près tous rapports avec les jeunes
officiers de la marine. J’offris succesivement à mes
anciens compagnons de XAstrolabe, MM. Lottin,
Gressien et Guilbert de m’accompagner cette fois en
qualité de lieutenant chargé du détail. Tous me remercièrent,
et je ne pouvais leur en vouloir : ils avaient
vieilli sous le harnais, leurs dispositions avaient changé
* N.Qte î .