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gris, les seuls que j’ai pu voir dans ces contrées. Cette tribu ne
différait donc de celle du hâvre Oazy, que par le mode de construction
des tentes, et par le caractère de physionomie des naturels,
qu’on ne saurait confondre avec celui des Patagons. Il existerait
donc sur la côte de Patagonie des peuplades de Pécherais
vivant de la chasse et ignorant la navigation et la pêche.
Attirés dans une des tentes par des lamentations et des cris
aigus, nous avons vu une vieille femme enveloppée de peaux qui
paraissait malade; ses compagnes nous faisaient signe d’approcher
avec précaution et sans bruit. Elles soulevèrent la peau qui
recouvrait la malade, en exprimant par leurs gestes qu’elle allait
trépasser. Pour cela, elles soufflaient sur leurs doigts qu’elles
élevaient au-dessus de leur tête ., comme pour exprimer que le
dernier souffle ou l’âme de la moribonde allait s’envoler vers le
ciel. Celle-ci se redressant pourtant sur son séant, se plaignit
d’une oppression à la poitrine et d’un grand embarras dans les
voies aériennes. Soulevant ensuite un bras décharné, de l’autre
elle indiquait la saignée comme le seul remède à ses maux. Le cas
était embarrassant, n’ayant que des couteaux ou de mauvais ciseaux
d’échange, il eût été absurde de tenter une saignée. Après
avoir tâté le pouls et vu la langue de la vieille, nous fûmes assez
heureux pour lui faire comprendre quelques signes de consolation
et d’espérance. Une galette de biscuit distribuée à ’toute la
famille fut dévoré en un clin d’oeil, et fit renaître la joie dans la
tente pécherais.
( M. Roquemaurel. )
Note 79, page 162.
Comme nous revenions sur nos pas, nous vîmes venir à nous
deux Indiens qui nous ayant accostés, nous firent entendre que
leur tribu était tout près de n ou s, en nous invitant à les suivre.
Nous trouvâmes effectivement à deux ou trois portées de fusil
du rivage, dans une petite vallée à l’abri de quelques broussailles,
un camp composé de six tentes. Quelques chevaux maigres et
chétifs paissaient autour de ces tentes. Grand nombre de chiens
s’élancèrent contre nous.
Il était évident que les gens de cette tribu étaient tout différents
de ces grands indigènes que nous avions déjà vus. Cette tribu se
composait tout au plus de 5o personnes, y compris grand nombre
d’enfants.
Ces Indiens nous parurent beaucoup plus pauvres, beaucoup
plus malheureux et aussi sales que les premiers. Les peaux qui
couvraient leurs tentes étaient toutes trouées et en lambeaux.
Leurs manteaux était v ieu x , sales , usés, et ils prenaient à peine
le soin de s’en cacher. Les femmes ne portaient pas de ceinture,
et nous parurent ainsi plus impudiques. C’est à peine, si elles r e couvraient
les, parties sexuelles et plusieurs se permirent des
attouchements indécents. Les hommes étaient moins grands et
avaient les traits moins réguliers que ceux de l’autre tribu. Cependant
le genre de figure était à peu près le même, sauf le nez
moins aquilin. Les femmes étaient beaucoup plus petites, avaient
le nez retroussé, la bouche grande, avec les dents belles. Elles
se peignent aussi la figure, comme les femmes de la première
tribu, j’en vis plusieurs qui n’avaient pas plus de 4 pieds 6 ou 8
pouces de haut. Ces femmes contrairement aux autres me parurent
avoir peu de gorge. J’en vis plusieurs qui allaitaient et qui
n’avaient, pour ainsi dire, pas de sein.
Les enfants tétent longtemps, j’en ai vu à la mamelle qui pa-
x-aissaient avoir trois ou quatre ans. Les femmes doivent engendrer
de bonne heure, carcellesqui allaitaient ces enfants, paraissaient
très-jeunes.
Nous ne vîmes dans toules ces tentes qu’un petit morceau de
viande d’autruche. Plusieurs cavaliers arrivèrent pendant que
nous étions la; mais ne rapportèrent rien : probablement la chasse
n’avait pas été heureuse. Nous vîmes beaucoup de coquilles près