Novembre. dUrvillea utilis (Bory)- Parfois aussi la teinte uniforme
des ondes est traversée par de grandes zones
jaunâtres, sans doute chargées de frai de poisson ou
d’animalcules microscopiques.
Vers six heures du soir, une brume subite et trè s-
intense vient nous envelopper, et nous fait perdre de
vue la Zélée, à peine éloignée de trois encablures au
vent. Nous faisons les signaux convenus pour nous
conserver au moyen des coups de canon. Cependant,
vers minuit, nous cessons de nous entendre.
25. A deux heures du matin, nous avons entendu les
coups de canon de la Zélée, et au point du jour, nous
1 avons revue, à 7 ou 8 milles devant nous, aux bornes
de l’horizon, et à midi, nous l’avions ralliée. Cette
épreuve me force à adresser des instructions plus explicites
à M. Jacquinot, pour éviter une fâcheuse séparation.
Dans ce but, je lui donne l’ordre, dès qu’il cessera
d entendre les coups de canon de Y Astrolabe, de rester
en panne au point où il se trouvera. Si le temps ne lui
permet point de prendre la panne , il tiendra la
cape et courra des bordées de deux heures, de manière
à se maintenir sur le même point le plus qu’il
pourra. Il passera trois jours ainsi, soit en panne, soit
à la cape, puis se rendra au premier rendez-vous convenu.
Par ce moyen, du moins, je saurai toujours sur quel
point environ je pourrai le chercher; tandis qu’en
errant à l’aventure, chacun de notre bord, il y aurait
peu de chances pour nous retrouver.
Je lui fis passer cet ordre au moyen d’un petit barillet
construit pour cet effet, et cette opération, qui
nous épargna la mise d’un canot à la mer, se fit assez
lestement.
Le vent du S. 0 . fraîchit dans la soirée, et ballotte
nos navires en retardant leur navigation. Malgré tous
mes efforts, ces fâcheux vents du S. 0 . m’écartent de
terre, et me forcent à renoncer à la relâche que je méditais,
à Bahia-Nueva, sur la côte de Patagonie, pour
le cas où le temps m’aurait favorisé. Je sens de plus en
plus que je suis parti trop tard de Toulon.
Le vent du N. 0 . d’abord frais et modéré dans la
matinée, a rapidement fraîchi, et a soufflé grand frais
dès dix heures. Nous courions rapidement au S. 0.
Les plus fortes lames ont rapidement atteint une
hauteur totale de 6 ou 7 mètres. Cependant ce coup
de vent était très-modéré, et ne pouvait, en aucune
façon, se comparer à ceux de notre dernier voyage.
En outre, les lames, ne venant que du cap Corrientes,
ne pouvaient acquérir aucun développement. Si nous
l’eussions reçu à deux cents lieues plus au la rg e ,
nous aurions vu bien autre chose.
Nous n ’avons embarqué qu’une ou deux lames vers
une heure après-midi. Puis, le vent mollit promptement
en variant à l’ouest, après quoi il revient au S. 0 .
et même au S. S. 0 . Tout cela est bien contrariant ; et
pour nous achever, les observations du 28 nous apprennent
que nous avons été remportés par le courant
de 44 milles au nord !
A huit heures du matin, dans un calme parfait, nous
27.
28.