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Partout, sur ses deux bords , la végétation est riche et vigoureuse.
Quelques pointes seulement offrent un débarquement
facile. Dans tous le reste, la côte est à pic et couronnée d’un rideau
d’arbres très-pressés les uns contre les autres ; quelques-uns
d’une grosseur étonnante, présentant douze à quinze pieds de circonférence.
Durant tout le trajet que nous pûmes effectuer, nous
jouîmes d’un coup d’oeil admirable, et nous éprouvâmes une
douce sensation en naviguant au milieu de ces deux murailles
verdoyantes qui, malgré la rigueur du climat, étaient animées
par la présence d’une infinité d’oiseaux.
En quelques endroits, nous trouvâmes des empreintes assez
fraîches qui nous indiquaient que quelques bêtes féroces y
avaient passé depuis peu de temps.
La Sedger est extrêmement sinueuse et revient quelquefois sur
elle-même, en décrivant un cercle presque entier pour remonter
ensuite. A l’endroit des cascades, les courants sont souvent très-
forts , et il faut gouverner avec beaucoup d’attention. Dans ces
circonstances, chaque fois que le terrain permet de débarquer,
il faut en profiter pour faire haler à la cordelle; c’est le seul
moyen de franchir plusieurs pas q u i, avec les avirons seuls,
offriraient beaucoup de difficultés et de fatigues.
Nous employâmes deux heures et demie à descendre vers l’embouchure,
et à sept heures du soir nous étions de retour à bord.
M. de Montravel qui s’était muni d’une boussole , dressa le croquis
du cours de cette rivière.
(M. Jacquinot.)
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Le vendredi 22 décembre, à quatre heures du matin , les chirurgiens
des deux bâtiments, Dumoulin et moi, nous partons
dans le grand canot de la Zélée et nous nous faisons mettre à
terre sur la rive orientale de la rivière qui débouche dans la baie
Voces. L’ordre de M. d’Urville était de faire tous nos efforts pour
parvenir sur l’un des sommets de la chaîne du mont Tarn ; les
chirurgiens pour y faire de la botanique et 1 de la minéraloOg ie.*
Dumoulin et moi des observations barométriques et d’intensité
magnétique.
Déposés sur la grève, il nous fallut immédiatement pénétrer
dans une forêt tellement épaisse, tellement remplie de broussailles,
que nous fumes effrayés de la perspective qui nous attendait , s’il
fallait continuer notre route avec de pareilles difficultés. La boussole
fut donnée à l’un de nous qui prit la tête de la colonne et
donna la route , d’après le relèvement pris du canot, sur une
montagne qui semblait la moins inaccessible. Heureusement à
mesure que nous avancions les broussailles diminuaient, bientôt
elles disparurent entièrement, et notre marche ne fut plus entravée
que par des troncs d’arbres énormes entassés les uns sur
les autres. Nous fîmes de l’équilibre, et malgré quelques chutes,
après avoir marché encore une heure , nous sortîmes de ce bois,
pour entrer dans une clairière d’environ un mille dans sa plus
grande dimension. Nous y gagnâmes peu pour la facilité de la
marche; car le sol était couvert d’une croûte de mousse reposant
sur une terre tellement tourbeuse et imprégnée d’eau que nous
enfoncions jusqu’aux genoux.
Nous fîmes halte sur la lisière de la forêt qui se présentait en
face de nous, aussi vierge que la première. Un fait qui saute aux
yeux de quiconque cherche a pénétrer dans l’une de ces retraites
silencieuses que la main des hommes n’a point encore défigurée,
c'est que le premier abord présente des difficultés presque
insurmontables qui vont bientôt en s’aplanissant de plus en plus.
La nature a-t-elle voulu défendre d’une ceinture de ronces et d’épines
1 ombre mystérieuse des bois ; ou n’est-ce que la réunion
physique suivante.
L air qui circule librement autour d’une grande étendue de
terrain couverte de grands arbres, poussé par les diverses brises