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la suite d’une saute de vent subite du sud à l’est, il
y eut une pluie très-abondante et qui dura, sans interruption
, de sept heures trente minutes à minuit.
Cette fois l’eau monta dans l’udomètre jusqu’à la hauteur
de 65 millimètres.
J’ai fait distribuer encore quelquefois du boeuf de
Noël et Taboureau. L’équipage montre de plus en plus
une répugnance déclarée pour cet aliment et préfère
le boeuf salé. Presque tous, en outre, soutiennent que
cette viande leur fait mal aux dents, à cause du salpêtre
qui entre dans sa préparation. La plupart des
officiers rabattirent beaucoup des éloges qu’ils lui
avaient d’abord donnés, et moi-même, je la trouvai
encore bien inférieure à la qualité médiocre que je
lui avais accordée dès le départ *.
Le docteur Hombron me déclare que l’état de M. Du-
parc devient fort grave, et ce jeune homme le reconnaît
lui-même. Il aurait dû débarquer à TénérifFe,
d’où son retour en France eût été facile et prompt'
mais il n ’a pas voulu acquiescer à cette proposition
, et je vois très-peu de moyens de le rapatrier
désormais. Toutefois, je ferai ce que je pourrai pour
lui offrir une chance de salut.
Ce même jour, par 2° 30' lat. N. et 26° long. 0 .,
nous eûmes enfin les vents alisés du S. E. et S. S. E.,'
qui nous permirent de faire un peu plus de route dans
le sud ; et le 28 au soir, nous passâmes la ligne équinoxiale
par 23° 30' de long. 0. On voit que malgré
\
tous mes efforts pour gagner le plus possible au sud ,
les vents et les courants m’ont affalé beaucoup plus
que je ne voulais dans l’ouest. Dans la navigation
ordinaire, on ne saurait se tenir trop en garde contre
cet inconvénient *.
La cérémonie du baptême a eu lieu suivant l’antique
tradition; et suivant cette louable coutume, elle a
été accompagnée de libations abondantes. Cependant
aucune suite fâcheuse n ’en est résultée, et tout s’est
passé avec ordre et décence.
Sur la déclaration officielle et motivée du médecin 31.
en chef, qu’il n ’y aurait plus aucun espoir pour la vie
de M. Duparc,s’il était obligé de faire la pointe aux glaces,
je me décidai à toucher à Rio-Janeiro pour l’y
déposer. Au moins, ce court dérangement me mettra
peut-être à même de remplacer notre farine consommée
, si M. le contre-amiral Leblanc, commandant
notre escadre du Brésil, veut bien consentir à
la demande que je me propose de lui adresser **.
Nous sommes péniblement contrariés par des vents 11 Novembre,
du sud, en approchant des terres ; cependant le 11,
au matin, par 21° lat. S., nous découvrons les terres
du Brésil à 15 ou 18 lieues de distance déjà hautes
sur l’horizon. Dans l’après-midi, les sondes donnent
29, 26 et 27 brasses fond de sable. Je mets le cap au
S. 0 . jO ., précisément sur le cap Frio.
A cinq heures du matin, comme le jour commen- 12.
* Notes 21 et 22.
** Notes 23, 24 et 25.