Décembre. Près des bords de la rivière, nous vîmes des traces
nombreuses et encore toutes récentes du passage des
Guanaques et de l’animal carnassier dont j ’ai déjà fait
mention : au reste, ces forêts n ’offrent rien de nouveau.
J’y chassai quelques perroquets et quelques
grives; M. Le Breton fit deux jolis dessins des bords
pi. v et vi. de la rivière.
J’ai mesuré les deux plus, gros troncs de hêtre que
j ’aie observés : l’un m’a donné 4m,50 et l’autre 5m de
circonférence; je ne pense pas exagérer en estimant
à 50 mètres la hauteur totale de chacun d’eux. Quant
a 1 arbre de 1 ecorce de Winter, je n ’ai pas vu de tige
qui dépassât 3 décimètres de diamètre, mais elles
sont fort élancées et peuvent atteindre de 18 à 20
mètres de hauteur; l’épine-vinette est toujours plus
diffuse et plus rabougrie.
Favorisés par le courant, notre retour s’est opéré
rapidement, et nous sommes rentrés à bord vers cinq
heures et demie; en rade, le vent du S. 0 . avait
soufflé avec une extrême force, mais nous étions
abrités dans la forêt, et nous avons joui d’un temps
délicieux.
23. La journée suivante a été moins belle; le ciel était
couvert, et le temps humide et pluvieux; aussi les
cimes de toutes les montagnes étaient couronnées
de brumes épaisses. Cependant, de deux à cinq
heures de l’après-midi, je m’amuse à promener la
drague avec ma baleinière. Je ne ramène jamais que
d’énormes paquets de balamites; une fasciolaire et
deux ou trois terébratules seules sont en outre le fruit
de mes efforts. Le fond de la b aie, près de terre, est Dé^ 3^-
une vase très-molle absolument stérile.
Ces messieurs ont été de retour de leur course au
mont Tarn sur les quatre heures, un peu harassés.
Ils ont trouvé l’ascension moins pénible qu’ils ne le
craignaient ; de grands feux les ont passablement garantis
du froid pendan t la nuit ; mais ils ont été bien
contrariés par les grains et les brouillards. Ces derniers
les ont complètement privés de la belle vue
qu’ils se promettaient. Du re s te , M. Dumoulin a
exécuté les observations qu’il avait projetées.
Depuis notre arrivée, tous nos moments ont été 24.
très-activement employés, et nos équipages n ’ont pas
cessé de travailler ; aujourd’hui dimanche, je leur
accorde enfin relâche ; la matinée est pour une des
bordées et l’après-midi pour l’autre ; encore sont-ils
obligés de prélever là-dessus le temps nécessaire de
laver leur linge et leurs hamacs ; ils sont enchantés de
cette faveur et s’en donnent à coeur joie.
Plusieurs des officiers de Y Astrolabe avaient exprimé
le désir de remonter la rivière, et je leur donne
le canot-major; mais cette embarcation est trop
lourde et tire déjà trop d’eau ; leur navigation est entravée
par les troncs d’arbres échoués dans son lit et
ils sont obligés de s’arrêter à peu de distance des limites
de la forêt.
Je descends sur la plage de Philippeville et parcours
avec attention les terrains des alentours. Des recherches
plus minutieuses me font découvrir des insectes
et des plantes curieuses qui m’avaient échappé; je re