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Décembre. et la disposition de ses rameaux un effet charmant.
Le tronc de cet arbre, souvent haut de 20 à 30 mètres
sur près d’un mètre de diamètre, offre de magnifiques
espars. Je crois qu’il est à la fois trop lourd et trop
cassant pour être bien avantageux à la marine ; mais
il ne pourrait manquer d’être utile aux constructions
ordinaires. Avec lui se trouvent aussi deux autres
a rb res, savoir : l’écorce de WintéFfTViïtteria aroma-
tica), longtemps préconisée comme épice, en place de
la cannelle, et une sorte d’épine-vinette {Berberís),
dont le bois est très-solide; mais ils sont moins
abondants que le hêtre, et ne s’élèvent jamais qu’à de
moindres dimensions. Excepté les mousses, les lichens
et autres plantes de cet ordre, ces forêts n ’offrent
que peu d’intérêt aux naturalistes; point de
mammifères, de reptiles ni de coquilles terrestres ou
fluviátiles; une ou deux sortes d’insectes, un petit
nombre d’oiseaux c’est tout ce qu’on y peut trouver
après de longues recherches. Toutefois, il faut remarquer
qu’on y rencontre souvent des fientes chargées
de poils et de plumes, appartenant à un carnassier
d’une petite taille, probablement cette espèce de
tigre ou de lion nommée puma ou jaguar au Chili.
Quand j ’eus bien rempli ma boîte de mousses et de
lichens, je rentrai avec M. Hombron dans ma baleinière,
avec l’intention de remonter le cours du fleuve.
Quoique le courant fut assez rapide, nous avançâmes
bien l’espace de deux milles environ. Les rives sont
bien dessinées, bordées de beaux hêtres qui forment
des voûtes magnifiques ; mais on voit, à la nature du
so l, que le fleuve en se débordant doit assez souvent 1837.
, . . . i * i i Décembre» causer de vastes inondations, et les pieds de tous ces
arbres sont alors baignés par les eaux. Le lit du
Sedger peut avoir 30 ou 40 mètres de largeur ; il est
assez régulier et généralement dégagé, si l’on excepte
quelques troncs d’arbres qui sont restés engravés dans
le sable ou la boue; mais sa profondeur!ne dépasse
guère trois à quatre mètres de marée haute, et de
marée basse, le canot pourrait quelquefois toucher sur
les bas-fonds *.
Comme il se faisait ta rd, et que le jusant très-marqué
laissait au courant toute sa marche, je ne poussai
pas plus loin cette fois et me décidai à revenir sur
mes pas dans un endroit où la rivière s’encaissait plus
profondément entre des rives de trois ou quatre mètres
de hauteur ; là , les troncs d’arbres devenaient encore
plus fréquents et plus dangereux. A mon retour,
je tuai coup sur coup deux oies qui traversaient la
rivière au-dessus de nos têtes ; elles appartenaient à
l’espèce bonne à manger, et il y en eut assez pour
défrayer constamment ma table durant plusieurs
jours; cela joint aux petits gobies qu’on prenait en
abondance à la ligne, aux grosses moules arrachées
aux roches, et à la salade de céleri, me permettait de
faire une chère de chanoine. Combien de fois, par la
suite, ai-je regretté l’abondance du Port-Famine **.
MM. Dumoulin et Roquemaurel ont mesuré au mi- 17.
* Note 4o.
** Note 4 i .