24 dans la baie Famine, où l’on eut des rapports avec
les sauvages. On toucha ensuite sur la baie Saint-
Nicolas, qu’on nomma baie Française ; mais on tenta
vainement de pousser plus avant; dés rafales terribles
rejetèrent l’escadre au Port-Famine. Les vents
toujours-contraires, et le manque de vivres contraignirent
le général à renoncer à ses projets ; le 10 du
même mois, l’escadre rentra dans l’Océan Pacifique
et à Rochefort, le 21 avril 1697.
Beauchêsne-Gouin, également capitaine de vaisseau
français, tint la même route avec quatre navires.
Il était sorti du pertuis d’Antioche, le 17 décembre
1698, et le 24 juin de l’année suivante, il doubla le cap
Vierge, n’ayant plus alors avec lui qu’un seul vaisseau
de la division. Beauchêsne mouilla sur plusieurs
points, et entre autres au port Galant, le 12 septembre.
« Là, dit Villefort dans son journal, je fus témoin
« d’une chose bien surprenante. Une femme sauvage
« étant dans l’eau pour raccommoder son canot fut
« prise du mal d’enfant. Elle ne fit que s’accroupir,
« et mit en notre présence son enfant au monde, qui
« paraissait n ’avoir que 3 mois et qui apparemment
« était mort; car ayant achevé de le tirer avec ses
« mains, elle le regarda et le jeta aussitôt dans l’eau
« sans s’étonner, ni faire aucun cri; après quoi elle
« se remit à travailler. » Après de longues contrariétés
et plusieurs efforts inutiles, Beauchêsne réussit à
donner dans la Mer du Sud, le 21 décembre 1699.
Ainsi cette traversée ne dura pas moins de six mois
entiers.
Plus de soixante années s’écoulent sans qu’aucune
expédition connue se rencontre dans le détroit de
Magellan. Les difficultés, les obstacles essuyés par les
navigateurs, effraient ceux qui leur succèdent, et
ceux-ci préfèrent la grande route en faisant le tour du
cap Horn.
Le premier que nous voyons reparaître dans ces
canaux fertiles en tempêtes, c’est le commodore anglais
Byron, expédié par son gouvernement pour un
voyage autour du monde, et qui ayant sous ses ordres
le vaisseau le Dolphin et la frégate Tamar, appareilla
des dunes, le 21 juin 1764. Le 21 décembre suivant,
il mouilla en dedans du détroit, peu loin du cap des
Vierges. Là on eut des relations amicales avec une
nombreuse tribu de Patagons. Suivant Byron, tous
ces hommes auraient eu une taille moyenne de six
pieds (mesure anglaise), et quelques-uns auraient eu
jusqu’à sept pieds. Leur carrure et leurs membres
auraient été proportionnés à cette taille, et certaines
femmes auraient approché de ces dimensions. Le 27,
les navires mouillèrent au Port-Famine, où Byron fit
exécuter des fouilles sur le morne dépouillé d’arbres,
mais l’on ne découvrit rien de l’ancien établissement
espagnol. Le 4 janvier, Byron remit à la voile pour
se rendre aux îles Falkland; mais il rentra dans
le détroit le 18 février, et dès le 21, revint mouiller
au Port-Famine. Après une courte station, l’expédition
remit à la voile, et après avoir essuyé divers
coups de vent, sortit du détroit le 9 avril 1765.
Immédiatement après Byron, ou plutôt concurem