des tentes et plusieurs mangeaient des moules et des patelles
qu’ils faisaient cuire au feu. Ils ont tous des flèches, mais ils paraissent
tenir beaucoup à leurs arcs. L’un d’eux voulut, je crois,
nous faire comprendre qu’il tenait au tant à son arc que nous à
nos fusils.
La manière de vivredecesdndiens me fit penser qu’ils tenaient
peut-être autant des Pécherais que desPatagons. Ils doivent aussi
se servir de la fronde , car plusieurs en avaient suspendues au
cou.
Cinq des tentes étaient sur tin même rang, la sixième était de
l’arrière. En entrant dans cette tente, j’entendis dans un coin des
gémissements. Plusieurs jeunes femmes et enfants qui se chauffaient
autour du feu me firent entendre que c’était quelqu’un
qui allait mourir.
Enfin je vis sortir de dessous les peaux qui étaient dans le coin
de la tente deux vieilles femmes. Toutes deux pleuraient,5 et la
plus jeune me fit signe qu’elle allait mourir. Pour cela, elle portait
la main fermée à la bouche et la dirigeait vers le ciel en
l’ouvrant et en souflant. Voulait-elle faire entendre que son âme
allait s’envoler ? Cette femme malade me fit aussi signe de la saigner.
Tous me le demandaient avec instance pour elle , mais je
n’avais aucun instrument. Je me contentai de la consoler de mon
mieux et de lui faire entendre que son mal n’était pas grand. Les
jeunes qui étaient dans la tente paraissaient s’inquiéter peu des
souffrances qu’endurait cette malheureuse. La vieille femme seule
continua à se lamenter.
Dans la case où était la malade, nous remarquâmes un petit
garçon plus blanc que les autres, et bien déluré, avec des yeux
bleus et des cheveux bouclés ; le père de cet enfant n’était sans
doute pas un Patagon.
Nous restâmes peu dans cette tribu et nous nous acheminâmes
vers le bord.
(J&a Gourdin.)
Note 8o, page i6 i ,
^ A onze heures, je descends à terre avec MM. Roquemaurel et
Gourdin ; après avoir contourné le hâvre Peckett et suivi le
rivage durant une heure et demie environ, nous rencontrons
deux hommes qui nous engagent à venir visiter leurs casés. Après
une marche assez longue à travers des bruyères, nous apercevons
sur une éminence qui domine la mer quelques huttes d'un aspect
encore plus misérable que celles du camp. Elles sont au nombre
de huit, quelques chevaux paissent dans les alentours, et de nombreux
chiens nous annoncent par leurs aboiements. Les hommes
e lle s femmes qui habitaient les cases étaient beaucoup plus petits
et moins robustes que ceux que j’ai déjà vus. Entrant dans une de
ces mauvaises cases, je vis une femme qui me fit signe en pleurant
de me retirer. J’avançai néanmoins et j ’en aperçus une autre couchée
sur des peaux. Celle qui pleurait me fit signe qu’elle désirait
que je saignâsse la malade, me faisant entendre du geste qu’elle
allait bientôt expirer, ce que je crus qu'elle m’indiquait, en mettant
sa main dans la bouche, et puis l’élevant en regardant le ciel.
Après avoir acheté des peaux, un arc et des flèches, dont ils ne
se défaisaient qne difficilement, nous revenons à bord en chassant,
et en rapportant avec nous quelques coquilles.
(A/. Gervaize.)
Note 8 i, p a g e iô i.
Sur les dix heures du matin, le canot-major quitta la corvette
pour porter à terre quelques officiers. Pendant qu’il s’y rendait,
nous vîmes que les Patagons avaient démonté leurs tentes, qu’ils
les chargeaient sur les chevaux et qu’ils se disposaient à quitter
notre voisinage et à porter leur camp ailleurs. Nos messieurs
revinrent bientôt et nous donnèrent la véritable raison de
L 19