& fi elles ne varient guère que par leur longueur &.
leur largeur , la forme des écailles qui revêtent le
deffus du corps n’eft pas la même dans les diverfes
efpèces ; dans les unes, ces écailles font hexagones ;
dans les autres, ovales ou taillées en lofange ; plates
& unies dans celles-ci; relevées, dans celles-là, par
une arête très-faillante ; fe touchant quelquefois à
peine , ou fe recouvrant, au contraire, comme les
ardoifes des toits. Voilà donc fept formes différentes
& bien diftinétes, que les écailles du dos peuvent
préfenter.
- De plus, fi quelques efpèces de Serpens ont le
deffus de la tête recouvert d’écailles femblables à
celles du dos, les autres ont, ainfi que nous venons de
le dire, cette partie du corps défendue par des lames
plus grandes , au nombre de neuf, & placées fur trois
rangs, ce qui compofe un huitième caraélère fpéci-
fique. Nous tirons le neuvième de la forme , & quelquefois
du nombre des écailles placées fur les mâchoires
; <$c tous ces caractères nous ont paru conftans
dans chaque efpèce , & indépendans du fexe ainfi que
de l’âge.
D’ailleurs, autant les nuances des couleurs font
variables dans les Serpens, autant leürs diftributions
générales en taches, en bandes,; en raies, &c. font
le plus fouvent permanentes ; de telle forte que ,
dans une jnêjne efpèce de Serpens diftingués. par un
grand
grand nombre de taches, quelques individus peuvent,
par exemple , être blanchâtres avec des taches vertes,
& d’autres jaunes avec des taches bleues ; mais, dans
la même efpèce , ce font prefque toujours des taches
difpofées de la même manière.
Cette diftribution de couleurs efl d’ailleurs peu
altérée dans les Serpens qui font partie des colleétions,
& ce n’eft que la nuance des diverfes teintes qui
change après la mort de l’animal, ou naturellement
ou par l’effet des moyens employés pour le conferver.
Cependant comme l’âge & le fexe peuvent introduire
d’affez grands changement dans la diftribution
des couleurs , nous n’employons qu’avec réferve ce
dixième caraélère.
C’efl: d’après les principes que nous venons d’expofer,
que nous avons fait la Table fuivante. Les efpèces
n y font pas prefentées dans le même ordre que celui
dans lequel nous avons expofé quelques traits de leur
hiftoire. Nous avons du , en e ffe t, pour bien préfenter
ces traits, feparer, par exemple , les vipères
davec les couleuvres ovipares, qui en different beaucoup
par leurs habitudes ; traiter d’abord de la vipère
commune, comme du Serpent le mieux connu, &
dont on efl:, en Europe , très-à portée d’étudier les
moeurs ; commencer l’hiftoire des couleuvres ovipares
par celle delà couleuvre verte & jaune , ainfi que
de la couleuvre à collier, que l’on rencontre en
Serpens, Tome IL K