que plufieurs circonftances particulières ont pu altérer
les réfultats de ces différentes expériences.
Mais enfin, dans un Supplément imprimé à la fin
de fon fécond volume , M. l’Abbé Fontana annonce,
d’après de nouvelles épreuves, qu© la pierre à cautère
détruit la vertu malfaifante du venin de la vipère ,
avec lequel on la mêle ; que tout concourt à la faire
regarder comme le véritable & feul fpécifique contre
ce poifon , & qu’il fuffit de l’appliquer fur la
p la ie , après l’avoir agrandie par des incifions convenables
(a).
Quelquefois cependant le remède n’eft pas apporté
à temps , ou ne fe mêle pas avec le venin. On ne
peut pas toujours faire pénétrer la pierre à cautère
dans tous les endroits dans lefquels le poifon eft parvenu.
Les trous que font les dents de la vipère , font
très-petits & fouvent invifibles ; ils s’étendent dans la
peau en différentes direétions & à diverfes profondeurs,
- jj Je puis encore avoir été trompé par ceux qui me fourniffoient
>j les vipères. J'étois en ufage, dans le commencement, de rendre les
» vipères même dont je m’étois fervi pour faire mordre les animaux
» & que je n’avois pas befoin de tuer. J'ai tout lieu de croire qu’on
» m’a vendu pour la fcconde fois les vipères que j’avois déjà em-
É ployées ; mais, dès que je me fuis apperçu de cela , je me fuis
” déterminé à tuer toutes les .vipères , après m’en être fervi dans
a mes expériences. » Ouvrage déjà cité, vol. z , p. 33 & Jiùv.
(a) Ibid, volume fécond, page 313.
V E S ' S É R P e n s.
uïvant plufieurs circonftances très-variàbles. L ’inflammation
& l’enflure qui furviennent, augmentent encore
la difficulté de dé.couvrir ces directions, en forte que-
les incifions fe font prefque au hafard. D’ailleurs
le venin s’introduit quelquefois tout-d’un-coup. & en
grande quantité dans l’animal, par le moyen de quelques
vaifl’eaux que la dent pénètre ; & la morfure de
la vipère peut donner la mort la plus prompte , fi
les dents percent ün gros vaiffeau veineux , de manière
que le poifon foit porté vers le coeur très-rapidement
& en abondance. L ’animal mordu éprouve alors une
forte d’injeélion artificielle du venin le mal peut
être incurable. On ne peut donc pas, fuivant M.Fontana,
regarder la pierre à cautère comme un remède toujours
affuré contre les effets de la morfure des vipères ;
mais on ne doit pas douter de fes bons effets , &
même on peut dire qu’elle eft le véritable fpécifique
contre le poifon de ces Serpens.
Tels font les réfultats des expériences les plus inté-
reffantes qu’on ait encore faites fur les effets, ainfi
que fur la nature du venin que la vipère diflille par
le moyen de fes dents mobiles & crochues. Achevons
maintenant de décrire cet animal funefte.
Elle a les yeux très-vifs & garnis de paupières
ainfi que ceux des Quadrupèdes ovipares -, & , comme
fi elle fentoit la puiffànce redoutable du venin qu’ elle
recèle, fon regard paroît hardi; fes yeux brillent,