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ait pour en faire la chafle. Les habitans de l’ifle de
Java, les Nègres de la Côte d’Or & plulïeurs autres
peuples mangent fa chair, qui eft pour eux un mets
agréable (a)-, dans d’autres pays, fa peau fert de parure;
» cèrent auprès de la caverne du Serpent, & ayant bien obfervé le
jj temps de fa fortie & de fa rentrée -, ils profitèrent de celui où
jj l’énorme Reptile étoit allé chercher fa proie , pour boucher avec
jj des pierres l’entrée de fon repaire. Lorfque le Serpent revint ,
jj ils fe montrèrent tous à-la-fois avec plulïeurs hommes armés d’arcs
jj & de frondes, plufieurs autres à, cheval, & d’autres qui faifoient
jj réfonner à grand bruit des trompettes & d’autres inftrumens
jj reténtiffans ; le Serpent fe voyant entouré de cette multitude ,
jj fe redrefioit & jetoit l’effroi, par fes horribles fifflemens, parmi
JJ ceux qui l’environnoient -, mais • effrayé lui-même par les dards
jj qu’on lui îançoit, la vue des chevaux, le grand nombre de chiens
jj qui aboyoient, & le bruit aigu des trompettes, il fe précipita
jj vers l’entrée ordinaire de fa caverne -, la trouvant fermée , & tou-
jj jours troublé de plus en plus par le bruit des trompettes, des
jj chiens 8c des chafleurs, il fe jeta dans le r e t, ou i l fit entendre
jj des fifflemens de rage j mais tous fes efforts furent vains , & là
jj force cédant à tous les coups dont on l’affaillit , & à toutes les
jj chaînes dont on le lia , on le conduifit à Alexandrie, où une
jj longue diète apàifa fa férocité, jj
{ a) et Les Nègres de la Côte d'Or mangent lachair de ces grands
,, S e r p e n s & la- préfèrent à la meilleure volaille, «j Hiß. génér-
'des Voyages , édit. in-12 , Vol. 14 , pag. z iy .« Quelques domeftiques
,, Nègres de Bofman apperçurent, près de Mauri (furfa Côte d’Or),
U un Serpent de dix-fept pieds'de long & d’une grofleur propor-
jj tionnée, Il 'étoit au 'bord d’un trou rempli d’eau , entre deux
les habitans
les habitans du Mexique fe revêtoient de fa belle
dépouille; & , dans ces temps antiques où des monftres
JJ porc-épics, avec lefquels il s’engagea dans un combat fort animé...;
jj Les Negres terminèrent la bataille en tuant les trois champions à
jj coups de fufil ; ils les apportèrent à Mauri, où , raffemblant leurs
jj camarades , ils en firent enfemble un feftin délicieux, jj Ibid,
pag. z i6 .
ci Lopez parle d’un Serpent d’excellive grandeur qui a quelquefois,
jj dit-il , vingt-cinq empas de long fur cinq de large, & dont là
jj gueule & le ventre font fi vaftes , qu’il eft capable d’avaler un cerf
jj entier. Les Nègres l’appellent, dans leur langue, .le grand Serpent
jj d’eau, ou le grand Hydre. II v it , en effet, dans les rivières ,
jj mais il cherche fa proie fur.terre, & rhonte fur quelque arbre,
j j d’où il guette les beftiaux ; s’il en voit un qu’il puifle lâifir , il fe
jj laifle tomber defliis , s’entortille autour de lui , le ferre de fa
jj queue, & l’ayant mis hors d’état de fe défendre, il le tue par
jj fes morfures, enfuite il le traîne dans quelque lieu écarté , où il
jj xe dévore à fon aife'; peau , dit l’Auteur, os & cornes. Lorfqu’il
jj s’eft bien rempli , il tombe dans une efpèce de ftupidité ou de
jj. foïnmeil fi profond, qu’un enfant feroit capable de le tuer. II
jj demeure dans cet état l’efpace de cinq à fix jours , à la fin defquels
jj il revient à lui-même. Cette redoutable efpèce de Serpent change
ij de peau dans la faifon ordinaire , & quelquefois après s’être mr nfi-
« trueulement raflafiée. Ceux qui la trouvent ne manquent pas de la
» montrer en fpeébacle. Lachair de cet animal pafle, entre les Nègres, .;
jj pour un mets plus délicieux que la volaille. Lorfqu’il leur arrive de
ij mettre le feu à quelque bois épais, ils y trouvent quantité de ce;
JJ Serpens tout rôtis, dont ils font un admirable feftin. Ce récit eft
U confirmé par Carli ; il raconte qu’un jou r , étant à fe promener
Serpens, Tome IL aaa