points noirs ou roux , offrent Couvent;, d’efpace en
efpace, ces marques brillantes que l’on voit refplendir
lut la queue du paon ou fur les ailes des beaux
papillons, & qu’on a nommées des yeux, parce qu’elles
font compofées d’un point entouré d’un cercle plus
clair ou plus obfcur.
Le delïous du corps du Devin eft d’un cendré jaunâtre,
marbré ou tacheté de noir.
On a affez rarement l’animal entier dans les collections
d’Hiftoire Naturelle ; mais il n’eft guère aucun
Cabinet où la peau de ce Serpent, féparée des plaques
du deffous de fon corps, ne foit etendue en forme de
larges bandes. On leur a donné divers noms fuivant
la grandeur des individus, les pays d’où on les a reçus,
les variétés de leurs couleurs, & les différences qui
peuvent fe trouver dans les petites taches placées autour
des taches ovales. Mais quelques foient ces variétés
d’âge, de lexe ou de pays, c’eft toujours au Serpent
Devin qu’il faudra rapporter ces belles peaux; &
jufqu’à préfent on ne connoît point d autre Serpent que
ce dernier qui foit doué d’une taille très-confidérable,
& qui ait en même-temps fur le dos des taches ovales
femblables à celles que nous venons d’indiquer.
Lorfque l’on confidère la taille démefurée du Serpent
Devin, l’on ne doit pas être étonné de la force prodi-
gieufe dont il jouit. Indépendamment de la roideur
de fes mufcles, il eft ajfé de concevoir comment un
animal qui a quelquefois trente pieds de long, peut,
avec facilité, étouffer & écrafer de très-gros animaux
dans les replis multipliés de fon corps dont tous les
points agiffent, & dont tous les contours faififfent la
proie, s’appliquent intimement à fa furface, & en
fuivent toutes les irrégularités.
Cette grande puiffance, cette force redoutable, fa
longueur gigantefque, l’éclat de fes écailles, la beauté
de fes couleurs ont infpire une forte d’admiration, mêlée
d effroi, a plufieurs peuples encore peu éloignés de l’état
fauvage ; & , comme tout ce qui produit la terreur
& 1 admiration, tout ce qui paroît avoir une grande
fupériorité fur les autres êtres eft bien près de faire
naître, dans des têtes peu éclairées, l’idée d’un agent
furnaturel , ce n eft qu’avec une crainte religieufe
que les anciens habitans du Mexique ont vu le Serpent
Devin. Soit qu ils aient penfé qu’une maffe conftdé-
rable, exécutant des mouvemens auflï rapides, ne
pouvoit être mue que par un fouffle divin, ou qu’ils
n aient regardé ce Serpent que comme un miniftre
de la toute puiffance célefte, il eft devenu l’objet de
leur culte. Us 1 ont furnommé Empereur, pour déftgner
la prééminence de fes qualités. Objet de leur adoration,
il a dû etre celui de leur attention particulière; aucun
de fes mouvemens ne leur a, pour ainfi dire, échappé5
aucune de fes a étions ne pouvoit leur être indifférente;
ils nont écouté quavec un frémiffement religieux les