20 H i s t o i r e N a t v r e z l e
dents de remplacement eft limité , & que lorfque la
vipère a réparé plufieurs fois la perte de fes crochets,
elle ne peut plus les remplacer ; elle demeuré privée
de dents canines pendant le refte de fa vie ; &
peut-etre qu alors on en feroit mordu fans éprouver
l’aélion de fon venin , quelle ne pourroit plus faire
pénétrer dans la blelfure. Ce défaut abfolu de crochets
, auquel la vipère feroit fujette , devroit être*
une raifon de plus de chercher des caractères extérieurs,
autres que les dents canines , pour diftinguer les vipères
d’avec les Serpens ovipares.'
Ces dents canines.. de la vipère font creufes, elles
renferment une double cavité <Sc comme un double
tube , dont l’un eft contenu dans la partie convexe
de la dent, & l’autre dans la partie concave. Le
premier de ces deux conduits s’ouvre à l’extérieur par
deux petits trous, dont l’un eft fitué à la bafe de la
dent, & î autre vers fa pointe; & le fécond n’eft
ouvert que vers la bafe , où il reçoit les vailfeaux &
les nerfs qui attachent la dent à la mâchoire (a).
Ces memes dents canines font renfermées , jufqu’aux
” tion à une matière blanchâtre & gélatineufe. » Ouvrage de
M. VAbbé Fontana > fu r les poifons J & particulièrement fiir celui de
la vipère. Florence, i j8 i 3 vol. t , pag. 6.
(a) Voyez à ce fujet, l’Ouvrage déjà c ité ,d e M, i’Abbé Fontam ,
vol. i , p. 8.
deux tiers de leur longueur, dans une elpèce de gaine
compofée de fibres très-fortes & d’un tilfu cellulaire ;
cette gaine ou tunique eft toujours ouverte vers la
pointe de la dent ; elle s’y termine par une efpèce
dourlet,: fouvent dentelé, & formé par un repli de
deux membranes qui la compofent.
Le poifon de la vipère eft contenu dans une véficule
placée de chaque côté, de la tête, au-deffous dumufcle
de la mâchoire fupérieure ; le mouvement du mufcle
preflant cette véficule , en fait fortir le venin , qui
arrive par un conduit à la bafe de la dent, traverfe
la gaine qui l’enveloppe , entre dans la cavité de cette
dent par le trou fitué près de la bafe., en fort par
celui qui eft auprès de la pointe , & pénètre dans la
bleflùre. Ce poifon eft la feule humeur malfaifante
que renferme la vipère, & c’eft envain qu’on a prétendu
que 1 efpece de bave qui couvre fes mâchoires
lorfqu’elle eft en fureur, eft un venin plus ou moins
dangereux ; 1 experience a démontré le contraire (Vz\
Le fuc empoifonné , renfermé dans les véficules de
chaque côte de la tê te, eft une liqueur jaune dont la
nature n eft ni alkaline ni acide , comme on l’a écrit
en divers temps ; elle ne produit pas non plus les
effets d’un cauftique, ainfi qu’on l’a penfé ; & il paroît
(æ) M. L Abbé Fontana x Ouvrage déjà cité.