l 8 o H i S T O I R B N A T V R E Z Z E
des 'grandes Indes , cherchent à réchauffer ce petit
animal lorfqu’il paroît languir & qu’il eft expofé à une
trop grande fraîcheur, produite par la faifon des pluies,
les orages ou d’autres accidens de l’atmofphère. Elles
le mettent dans leur fein , elles l’y confervent fans
crainte & même avec plailir , & le petit Serpent, à
qui tous ces foins paroilïent plaire, ne leur fendant
jamais que careffe pour careffe, jultifie leur goût pour
cet animal paifible. Elles le tournent & retournent
également dans le temps des chaleurs, pour en recevoir
, à leur tour, une forte de .fervice & être rafraîchies
par le contaét de fes écailles, trop polies pour
n’être pas fraîches (a). Lorfque, dans nos climats tempérés
, la beauté veut produire un effet contraire , &
réchauffer fes membres délicats , elle a quelquefois
recours à des animaux plus fenlibles, & communément
plus fidèles, q u i, par une fuite de leur conformation
plus heureufe , expriment avec plus de vivacité un
attachement qu’ils éprouvent avec plus de force ; mais
lorfqu’elle defire, comme dans l’Inde, de diminuer une
chaleur incommode , par l’attouchement de quelque
corps froid , bien loin de fe fervir d’êtres animés qui J
par leurs careffes répétées , ajouteroient au plaifir
qu’elle a de tempérer les effets d’une chaleur
( a ) Séba , à t endroit déjà cité,
c s s S e r p e n s . l oi
exceffive, elle ne recherche que des matières brutes <$c
infenfibles ; elle n’emploie que de petits blocs de
marbre , des boules de cryftal ou des plaques métalliques
; elle ne peut voir qu’avec effroi nos doux & pai-
fibles Serpens, tandis que dans les contrées équatoriales
des grandes Indes, où vivent de Serpens énormes,
terribles par leur force ou funeftes par leur poifon ,
la crainte qu’infpirent ces- Reptiles dangereux , n’eft
jamais produite par les Serpens innocens &. foibles :
tel que la Couleuvre des Dames (a).
(a) Cette dernière efpèce a , fuivant M. Linné, cent dix-huit
grandes plaques & foixante paires de petites,