1 2 4 H i s t o i r e N a t u r e l l e
pas paru le vrai réfervoir du poifon, que nous avons
cru voir dans des véficules placées de chaque côte a
l’extrémité des mâchoires, comme dans la vipere commune
d’Europe, & qui, par un conduit particulier,
parviendrait à la cavité de la dent , pour lortir
par la fente lïtuée dans la partie convexe de ce
crochet (a).
Le venin de la vipère Fer-de-lance eft prefque
auffi liquide que de l’eau, & jaunâtre comme de l’huile
d’olive qui commence à s’altérer. La douleur qu’excite
ce venin dans les perfonnes blelïees par la vipère, eft
feinblable à celle qui provient d’une chaleur brûlante ;
elle eft d’ailleurs accompagnée d’un grand accablement.
Mais ce poilon , qui n’a ni goût ni odeur, ne
paraît agir que lorfqu’il eft un peu abondant ou qu’il
fe mêle avec le fang , puifqu’on a quelquefois fucé
impunément les plaies produites le plus récemment
par la morfure du Fer-de-lance ; & il eft aifé de
voir , en comparant ces faits avec ceux que nous
avons rapportés à l’article de la vipère commune d’Europe
, que les organes relatifs au venin, la nature de
(a) Comme nous n’avons été à même de difféquer que des vipères
Fer-dé-lance confervées depuis long-temps dans i’efprit-de-vin , & dont
les parties molles ainfi que les humeurs étoient très-altérées, nous ne
pouvons rien allurer à ce iujet.
ce fuc funefte, & la forme des dents, font à-peu-
près les mêmes dans la vipère Européenne & dans celle
de la Martinique.
La langue eft très-étroite , très-aîongéè, & fe meut
avec beaucoup de vitefle; les écailles du dos font ovales
& relevees par une arête ; la couleur générale du
corps eft jaune dans certains individus, grisâtre dans
d autres (a) ; & ce qui prouve qu’on ne peut pas
regarder lès individus jaunes & les individus gris
comme formant deux efpèces diftinétes, ni même deux
variétés confiantes, c eft qu’on trouve fouvent dans la
meme portée, autant de vipereaux gris que de vipereaux
jaunes (b ). Nous avons vu dans la colleétion de
M. Badier , très—bon Obfervateur, que nous venons
de citer dans une note de cet article , une variété du
Fer-de-lance , q u i, au-lieu de préfenter la couleur
jaune , avoit le dos marbre de plufieurs couleurs plus
ou moins livides ou plus ou moins brunes , & étoit
d ailleurs diftinguée par une tache très-brune placée
en long derrière les yeux & de chaque côté de la tête.
Le Fer-de-lance a communément deux cens vingt-
huit grandes plaques fous le corps, & foixante-une
paires de petites plaques fous la queue. Nous avons
(a) Rochefort, à l’endroit déjà cité,
{b) Mémoire déjà cité.