ce fluide ne circule dans les Serpens, qu’avec lenteur,
relativement à la vîteffe avec laquelle il coule dans
les Quadrupèdes vivipares & dans les Oifeaux. Et
comment feroit-il pouffe avec autant de force dans
les Reptiles que dans les Oifeaux & les Vivipares,
puifque le coeur des Serpens n’efl: compofé que d’un
ventricule (a) , & puifque la communication entre le
fang qui y arrive &. le fang qui en fort, peut être
indépendante des ofcillations des poulmons & de la
refpiration , dont la fréquence échauffe &- anime le
fang des Vivipares ôe des Oifeaux ?
Le jeu du coeur & la circulation ne feraient donc
point arrêtés dans les Serpens, par un très-long féjour
fous l’eau , & ces animaux pourraient refter habituellement
dans cet élément, comme les Foi (Ions, fi l’air
ne leur étoit pas néçeffaire , de même qu’aux Quadrupèdes
ovipares , pour entretenir dans leur fang les
qualités néçeffaires à fon mouvement & à la v ie , pour
dégager ce fluide des principes furabpndans qui en
engourdiraient la maffe , ou y porter ceux de liquidité
qui doivent l’animer (b'). Les Serpens ne peuvent donc
(a) L’oreillette du coeur' de plufîeurs'efpèces de Serpens eft conformée
de manière à paroître doublé , ainli que dans un grand nombre
de Quadrupèdes ovipares ; mais aucun de ces Reptiles n a deux
ventricules,.
( ê) Difiours fur la nature des Quadrupèdes ovipares.
vivre
vivre dans l’eau fans venir fouvent à la furface ; & la
refpiration leur eft prefqu’aufli néçeffaire que fi leur
coeur étoit conformé comme celui de l’homme & des
Quadrupèdes vivipares , & que la circulation de leur
fang ne pût avoir lieu qu’autant que leurs poulmons
alpireroient l’air de l’atmolphère. Mais leur refpiration
rt’efi: pas aufli fréquente que celle des Quadrupèdes
vivipares & des oifeaux ; au lieu de refferrer & de
dilater leurs poulmons par des ofcillations promptes
& régulières , ils laiffent échapper avec lenteur la
portion d’air atmofphérique qu’ils ont afpirée avec aflèz
de rapidité ; & ils peuvent d’autant plus fe paffer de
refpirer fréquemment, que leurs poulmons font très-
grands en comparaifon du volume de leur corps , ainfi
que ceux des tortues, des crocodiles, des falamandres,
des grenouilles, & c .& que, dans certainesefpèces, telles
que celle du boiquira , la longueur de ces vifeères
égalant à-peu-près les trois quarts de celle du corps ,
ils peuvent afpirer à-la-fois une très-grande quantité
d’air (a).
Ils font pourvus de prefqu’autant de vifeères que les
animaux les mieux organifés ; ils ont un oefophage
ordinairement très-long & fufceptible d’une très-grande
dilatation, un eflomac , un foie avec fon conduit, une
(a) Obfcrv. anatomi^.d’Edw.Tjfon , Tranfaçl.philojbph.di ° 144.
Serpens, Tome II, b