nombre de Serpens, dont les uns n’offrent qu’une feule
nuance , tandis que les autres brillent de plufieurs
couleurs plus ou moins contraflées, enchaînées, pour
ainfi dire , en réfeaux , diftribuées en lignes, s’étendant
en raies, difpofées en bandes , répandues par
taches, femées en étoiles, repréfentant quelquefois les
figures les plus régulières 6c fouvent les plus bizarres ;
6c fi l’on réunit encore à toutes ces différences, celles
que l’on doit tirer de la pofition, de la grandeur, &
de la forme des écailles ÿ ne verra-t-on pas que l’ordre
des Serpens eft un des plus variés de ceux qui peuplent
6c embelliflent la furface du globe ?
Toutes lès efpèces de ces animaux habitent de préférence
lès contrées chaudes ou tempérées : on en
trouve dans les deux mondes, où ils paroiffent à-peu-
près également répandus en raifbn de la chaleur , de
l’humidité, & de l’efpace libre Ça). Plufieurs de ces
(a) « Le mélange de la chaleur & de l’humidité produit, à Siam
jj des Serpens d’une monftrueuie longueur -, il n’eft point rate de leur
jj voir plus de vingt pieds de long,, & plus d’un pied & demi de dia-,
jj mètre, jj Hiß. génér. des Voy. édit. in-12. vol. 3 4 ,p- 383.
jj L ’humidité , jointe au ferment continuel de la chaleur, produit,'
jj dans toutes les Mes Philippines , des Serpens d’une grandeur
jj extraordinaire..............Les bobas , qui font les plus grands, ont
jj quelquefois trente pieds de longueur, jj Hiß. génér. des Voyages,
édit, in-12. vol. 3 3, p. 100 & fuiy. Comme nous ne voulons pas mulefpèces
font communes aux deux continens; mais il
paroît qu’en général, ce font les plus grandes qui
appartiennent à un plus grand nombre de contrées
différentes. Ces grandes efpèces ayant plus de force &
des armes plus meurtrières, peuvent exécuter leurs
mouvemens avec plus de promptitude , foutenir pendant
plus de tems une courfe plus rapide, fe défendre
avec plus d’avantage contre leurs ennemis, cherclier
6c vaincre plus facilement une proie, fe répandre bien
plus au loin, fe trouver au milieu des eaux avec moins
de crainte, nager avec plus de confiance, lutter contre
les flots, voguer avec vîteffe au milieu des ondes agitées,
6c traverfer même des bras de mer étendus. D’ailleurs
ne pourroit-on pas dire que le moule des grandes efpèces
efi plus ferme , moins fournis aux influences de la
nourriture 6c du climat ? Les petites efpèces ont pu
être aifément altérées dans leurs proportions, dans la
forme ou le nombre de leurs écailles., dans la teinte
ou la diftribution de leurs couleurs, de manière à ne
plus préfenter aucune image de leur origine ; les
changemens quelles auront éprouvés n’auront point
porté uniquement fur la furface ; ils auront pénétré,
tiplier les notes fans néceflité, nous ne citons ici queces deux paflàges ,
parmi un très-grand nombre que npus pourrions rapporter , & dont
plufieurs font répandus dans cet Ouvrage.
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