LA COULEUVRE DES DAMES Êm
V' o 1 c I un des plus jolis & des plus doux Serpens ;
fa petitefle , fes proportions plus Iveltes encore que
celles de: la plupart des autres efpèces, fes mouve-
mens agiles , quoique modérés, ajoutent au plaiiir
avec lequel on confidère le mélange de fes belles
teintes. Il ne préfente cependant que deux couleurs,
un beau noir & un blanc allez pur ; mais elles font
fi agréablement contraftées ou réunies, & fi animées
par le luifant des écailles , que cette parure élégante
«St fimple attire l’oeil & charme d’autant plus les
regarda, quelle n’éblouit pas, comme des couleurs
plus riches & plus éclatantes, Des anneaux noirs tra-
verfent le deflus du corps & de la queue, & en interrompent
la blancheur. Ces bandes tranfverfales s’étendent
jufqu’aux plaques blanches qui revêtent le defîbus
(a ) Le Serpent des Darnes. M. dbAifbmtpn, Encyclopédie nü-
• thodique.
Coluber Domicella, 178 , Ltnn. a'm'phil'. Serpentes.
Seba, mufi. z , tab. $4 , fig. 1,
du ventre ; leur largeur diminue à mefure qu’elles
font plus près du deffous du corps , & la plupart
vont le réunir fous le ventre à une raie noirâtre &
longitudinale qui occupe le milieu des grandes plaques.
Cette raie , ainfi que les bandes tranfverfales ,
font irrégulières & quelquefois un peu feftonnées ;
mais cette irrégularité , bien loin de diminuer l’élégance
de la parure de la Couleuvre des Dames, en
augmente la variété. Le deflus de la petite tête de
ce Serpent préfente un mélange gracieux de noir &
de blanc , où cependant le noir domine ; les yeux
font très-petits , mais animés par la couleur noirâtre
qui les entoure.
Comme plufieurs autres Serpens , celui des Dames
eft très-familier ; il ne s’enfuit pas , & même il
n’éprouve aucune crainte lorfqu’on l’approphe y bien
plus, il femble que , très-fenfible à la fraîcheur plus
ou moins grande qu’il éprouve quelquefois, quoiqu’il
habite des climats très-chauds, il recherche des fe-
cours qui l’en garantiflent 5 & fà petitefle, fon peu
de force, l’agrément de fes couleurs, la douceur de
fes mouvemens, l’innocence de fes habitudes , inf-
pirent aux Indiens un tel intérêt pour ce délicat animal,
que le fexe le plus timide, bien loin d’en avoir
peur, le prend dans fes mains, le foigne, le carefîe.
Les Dames de la côte de Malabar, où il eft très-
commun , ainfi que dans la plupart des autres contrées