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fes efforts | & parvient bientôt à comprimer en tout
fens, & à moudre, pour ainfi dire, le corps de l’animal
qu’il a immolé (a).
Lorfqu’il a donné ainfi à fa proie toute la' fouplefle qui
lui eil néceifaire , il l’alonge en continuant de la prelfer,
& diminue d’autant fa groffeur ; il l’imbibe de fa falive
ou d’une forte d’humeur analogue qu’il répand en abondance;
il pétrit, pour ainfi dire, à l’aide de fes replis, cette
mafle devenue informe, ce corps qui n’eft plus quun
compofé confus de chairs ramollies & d’os concafles (b).
C ’eft alors qu’il l’avale, en la prenant par la tête, en
l ’attirant à lui * & en l’entraînant dans fon ventre par
de fortes afpirations plufieurs fois répétées ; mais, malgré
cette préparation, fa proie eft quelquefois fi volumineufe
qu’il ne peut l’engloutir qu’à demi ; il faut qu’il ait
digéré au moins én partie la portion qu’il a déjà fait * 3
< a) Lettre et André Cléftrus, déjà citée. 1/Auteur ajoute r « dans
« le Royaume d’Aracamj fur les confins de celui de Bengale , on a
sa vu un Serpent (un Devin) démefuré fe jeter, auprès des bords d’un
3j fleuve , fur un très-grand unis ( boeuf fauvage ) , & donner un
33 fptftade a fi r eux par fon combat avec ce terrible animal ; on pou-
33 voit entendre, à la diftance d’une portée de canon, d’un très-grand
3b calibre, le craquement des os de l’urus, brifés par les efforts de
»3 fon ennemi. 33
(b ) Notes communiquées par fit- de la B o rd e, Correjpondant du
Cabinet du Roi.
Lettre d’André Cléyerusi
entrer dans fon corps, pour pouvoir y faire pénétrer
1 autre; & l’on a fouvent vu le Serpent Devin la gueule
horriblement ouverte, & remplie d’une proie à demi-
dévorée, étendu à terre, & dans une forte d’inertie, qui
accompagne prefque toujours fa digeftion (a).
Lorfqu’en effet il a alfouvi fon appétit violent,
& rempli fon ventre de la nourriture néceffaire à
l’entretien de fa grande mafle, il perd, pour un temps-,
fon agilité & fa force ; il eft plongé dans une efpèce
de fommeil ; il gît fans mouvement , comme une
lourde maffe, le corps prodigieufement enflé; &, cet
ëngourdiffement, qui dure quelquefois’cinq ou fix jours,
doit être affez profond; car, maigre tout ce qu’il faut
retrancher des divers récits publiés, touchant ce Serpent,
il paroît que, dans différens pays, particulièrement
aux environs de llftme de Panama en Amérique ,
des Voyageurs, rencontrant le Devin à demi-caché
fous 1 herbe épaiffe des forêts qu’ils traverfoient, ont
plufieurs fois marché fur lui dans le temps où fa
digeftion le tenoit dans une efpèce de torpeur. Ils fe
font même repofés, a - t -on écrit, fur fon corps giflant
a terre, & qu ils prenoient, à caufe dès feuillages dont
il etoit couvert, pour un tronc d’arbre renvërfé, fans
faire faire aucun mouvement au Serpent, afloupi par
les alimens qu il avoit avalés, ou peut-êtrè engourdi par
( a ) Laurenti, Specimen Medicurn.
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