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tout égal d’ailleurs , elles doivent tomber dans une»
torpeur plus grande que plufieurs efpèees de Serpens*
ces derniers fe renfermant , , pendant l’hiver, dans des
trous fouterreins, & cherchant, dans ces afyles cachés ,
une température plus -douce, tandis que les vipères
ne fe mettent communément à l’abri que fous des
tas de pierres & dans des trous de murailles, où. le
froid peut pénétrer plus aifément.
Quelque chaleur qu’elles éprouvent, elles rampent
toujours lentement; elles ne fe jettent communément
que fur les petits animaux dont elles font leur nourriture
; elles n’attaquent point l’homme ni les gros
animaux mais cependant lorfqu’on les bIelle | ou
feulement, lorfqu’on les agace & qu’on les irrite, elles
deviennent furieufes & font alors des morfures allez
profondes. Leurs vertèbres font articulées de manière
qu’elles ne peuvent pas fe relever. &. s’entortiller dans
tous. les*, feus aulii aifément que la plupart des Serpens
quoiqu’elles renverfent & retournent facilement leur
tâte.: Cette conformation: les rend plus aifées à prendre;:
les uns les faillirent au cou à l’aide d’une branche
fourchue r &. les -enlèvent enfuit e par la queue pour
les. faire tomber dans un fac , dans lequel ils les emportent;
d’autres appuient l’extrémité d’un bâton fur
la tête de la vipère, & la ferrent fortement au cou
ay.ee la main ;. l’animal fait des efforts inutiles pour
fe défendre , & tandis qu’il: tient fa gueule béante ,
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on lui coupe facilement, avec des cifeaux, fes dents
venimeufes ; ou b i e n c omme fes dents font recourbées
& tournées vers le gofier, on les fait tomber
avec une lame de canif que l’on paffe entre ces crochets
& les mâchoires , en allant vers le mufeau :.
l’animal eft alors hors d’état de nuire, & on peut le
manier impunément. Il y a même des chaffeurs de
vipères affes hardis pour les faifir brufquement au
eou , ou pour les prendre rapidement par la queue ;;
de quelque force que jouiffe l’animal, il ne peut pas
fe redreffer & fe replier affez pour bleffer la main
avec laquelle on le tient fufpendu.
L’on ignore quelle eft la durée de la vie des
vipères ; mais comme ces animaux n’ont acquis leur
entier accroiffement qu’après fix ou fept ans, on doit
conjeélurer qu’ils vivent , en général, d’autant plus
de temps, que leur vie e i l , pour ainfi dire , très-
tenace, & qu’ils réliftent aux bleffures & aux coups
beaucoup plus peut-être qu’un grand nombre d’autres-
Seapens. Plufieurs parties de leur corps , tant intérieures
qu’extérieures ,- fe meuvent, en effet, & ,.
pour ainfi dire , exercent encore leurs fonctions lorf-
qu’elles font féparées de l’animal. Le coeur des vipères
palpite long-temps après avoir été arraché-, & ,les
mufcles de leurs mâchoires ont encore la faculté d’ouvrir
la gueule & de la refermer lorfque cependant
la tête ne tient plus au corps depuis- quelque'