être plus éloignées de l’efpèce de tendrelfe'& des foins
maternels qu’on a voulu leur attribuer ?
La vipère commune fe trouve dans prefque toutes
les contrées de l’ancien continent ; on la rencontre
aux grandes Indes, où elle ne préfente que de légères
variétés 3 & non-feulement elle habite dans toutes
les contrées chaudes de l’ancien monde, mais elle y
fupporte alfez facilement les températures les plus
froides, puifqu’elle eft alfez commune en Suède, où
fa morfure eft prefqu’aufli dangereufe que dans les
autres pays de l’Europe. Elle habite aufli la Ruftie &
plufieurs contrées de la Sibérie ; elle s’y eft même
d’autant plus multipliée, que., pendant long-temps ,
la fuperftition va empêché qu’on ne cherchât à l’y
détruire (a). Et comme les qualités vénéneufes s’a c-
croiflent ou s’affoibliffent à mefure que la chaleur
augmente ou diminue ,. on peut croire que les humeurs
de la vipère font bien propres à acquérir cette efpèce
(a ) « On porte un refpect fingHÜer aux vipères en Rullie & en
» Sibérie , & on les épargne foigneufement, parce qu’on croit que ,
« fi on fait du mal à cette efpèce de Reptiles , ils fe vengeront d’une
» manière terrible. On raconte, à ce fujet, bien des aventures où
» l’on ne voit qu’une fuperftition ridicule ; il y a cependant aujour-
» d’hui des gens qui en ont fecoué le joug, &" j’ai vu , dit M. Gmelin,
s» un foldat qui tua quinze vipères en un jour, si Hiß. génér. des
Voyages, éd. in-12, tom. j i ,p . »6e,.
d’exaltation qui produit fes propriétés funeftes, puifque
fa morfure eft dangereufe même dans les contrées très-
feptentrionales. C’eft peut-être à cette caufe qu’il faut
rapporter l’aétivité de fes fucs, que la Médecine a
fouvent employés avec fuccès j peu d’animaux four-
niffent même des remèdes aufli vantés, contre autant
d’efpèces de maladies : les Modernes en font autant
d’ufage que les Anciens, ils fe fervent de toutes les
parties de fon corps, excepté de celles de la tête qui
peuvent être imprégnées de poifon ; ils emploient fon
coeur, fon foie, fa graifle ; on a cru cette graifle utile
dans les maladies de la peau , pour effacer les rides ,
pour embellir le teint ; & de tous les avantages que
l’on retire des préparations de la vipère, ce ne feroit
peut-être pas celui que la clafîe la plus aimable de
nos Leéteurs eftimeroit le moins. Au refte , comme
des effets oppofés dépendent fouvent de la même
càufe , lorfqu’elle agit dans des circonftances différentes
, il ne feroit pas furprenant que les mêmes fucs
aétifs qui produifent, dans les véficules de la tête de
la vipère , le venin qui la fait redouter , donnaflent
au fang & aux humeurs de ceux qui s’en nourriffent,
alfez de force pour expulfer les poifons dont ils ont
été infeétés , ainfi que l’on prétend qu’on l’a éprouvé
plufieurs fois.
On ignore quel degré de température les vipères
communes peuvent fupporter fans s’engourdir ; mais,