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v eille peau d’autant plus facilement, qu’il a à fa portée
plus de corps contre lefquels il peut fe frotter ; il arrive
feulement quelquefois que la vieille peau ne fe retourne
que jufqu’à l’endroit de l’anus, & qu’ai ors la queue fort
de l’enveloppe defféchée qui la récouvroit, comme
ime lame d’épée fort de feu fourreau ( a).
L’Orvet fe nourrit de v e r s , de fcarabées, de grenouilles,
de petits rats, & même de crapauds; il les
avale le plus fouvent fans les mâcher ; auffi arrive-t-il
quelquefois que de petits vers viennent jufqu a fon
eftomac, pleins encore de v ie , & fans avoir reçu aucune
bleffure. M. de Sept-Fontaines a trouvé dans le corps
d’un jeune Orvet, un lombric ou ver de terre long
de fix pouces, & de la groffeur d’un tuyau de plume; le
ver étoit encore en v i e , & s’enfuit en rampant.
Malgré leur avidité naturelle, les Orvets peuvent demeurer
un très-grand nombre de jours fans manger, ainfi
que les autres Serpens, & M. Desfontaines en a eu chez
.lui qui fe font laifles mourir au bout de plus de
cinquante jours, plutôt que de toucher à la nourriture
qu’on avoit mife auprès d’eu x , & qu’ils auroient dévorée
avec précipitation s’ils avoient été en liberté.
L ’Orvet habite ordinairement fous terre dans des
trous qu’il creufe ou qu’il agrandit avec fon mufeau ;
(a ) Notes tnanujcrkes de M. de Sept-Fontaines.
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mais comme il a befoin de refpirer l’air extérieur ,
il quitte fouvent fa retraite. L’hiver même , il perce
quelquefois la neige qui couvre les campagnes, & élève
fon mufeau au-deifus de fa furface, la température aifez
douce des trous fouterrains qu’il choifit pour aiyle l’empêchant
ordinairement de s’engourdir complètement pendant
le froid. Lorfque les chaleurs font revenues, il
paffe une grande partie du jour hors de fa retraite ;
mais le plus fouvent, il s’en éloigne peu , & fe tient
toujours à portée de s’y mettre en sûreté.
Il fe drefle fréquemment fur fa queue qu’il roule en
fpirale , & qui lui fert de point d’appui ; & il demeure
quelquefois long-temps dans cette lituation. Ses mou-
vemens font rapides , mais moins que ceux de la
Couleuvre à collier. Il ne répand pas communément
d’odeur defagréable (a).
(a) Perfonne n i mieux étudié les habitudes de l’Orvet que M. de
Sept-Fontaines , à qui nous devons la connoiiîance de la plupart des
détails que nous venons de rapporter.